observatoire des sondages

La rentrée des sondages

dimanche 30 août 2009

Fin août, la presse entonne la ritournelle de la rentrée politique. Inévitable rituel dont on se demande s’il ne s’agit pas seulement de faire croire que les acteurs de cette scène ont aussi pris des vacances. Et comme à l’accoutumée, les sondages accompagnent le mouvement des « universités d’été » qui sonnent cette rentrée. Pour eux, il n’y eut pourtant pas de vacances. Après les querelles de l’Opiniongate, il convenait de retourner aux routines rassurantes de l’ordinaire politique. Qu’on se rassure donc, les prochains mois engendreront les mêmes questions qui ne se posent pas et des analyses qui n’en sont pas. A un rythme un peu plus soutenu seulement.

Si, pendant les chaudes journées d’été, on avait malencontreusement oublié de s’apitoyer sur les ennuis d’un parti socialiste, on est rassuré : le mal s’aggrave encore. L’Ifop assure avec Dimanche Ouest France que la désaffection a encore une marge de progression [1]. Et en forme de diagnostic médical, on n’épargnera pas au lecteur de la rentrée une revue des griefs que « l’opinion publique » nourrit à l’égard du malheureux parti. Un sondage CSA-Le Parisien [2] passe aussi en revue les divisions internes au parti, ses ruptures avec « l’opinion », son éloignement face aux préoccupations des Français, son absence de projet, etc.

La curiosité de la rentrée ne serait pas satisfaite si la future élection présidentielle n’était abordée. L’Ifop-Ouest France et TNS Sofres-Nouvel Observateur [3] demandent donc aux sondés quelle personnalité du PS souhaiteraient-ils voir concourir comme candidat à la prochaine présidentielle, le CSA-Le Parisien si la gauche peut gagner. Bien sûr, l’élection n’aura lieu que dans trois ans. Mais la question des primaires a pris suffisamment de place pour qu’on ne puisse se dispenser de participer au jeu des hypothèses et pronostics sans frais. Les trois sondages posent la question dans les mêmes conditions, c’est à dire aussi à ceux et celles qui ne souhaiteraient pas voir un candidat socialiste gagner. Ils sont toujours rares à émettre une réponse tactique en choisissant un candidat qu’ils estiment sûr de perdre face à Nicolas Sarkozy. Comme d’habitude, c’est un candidat qui rallie les suffrages en dehors de son propre parti, une personnalité dotée d’une réputation de modération, d’une bonne notoriété de surcroît, qui bénéficie de ce mode de questionnement. En l’occurrence, le même « favori » sort des sondages de l’Ifop et de TNS Sofres : Dominique Strauss Kahn. Il est vrai que les scores sont très différents avec 33% pour l’Ifop et 49% pour TNS Sofres. Un indice de la faible réalité d’une question qui ne se pose guère mais que des sondés aimables n’auraient pas eu le mauvais goût de refuser. Au jeu des pronostics non déguisés, le sondage CSA/Le Parisien annonce de manière « tonitruante » que 50% des Français pensent que le président de la République actuel peut-être battu lors des présidentielles de 2012. Le quotidien y voit d’ailleurs les mêmes enseignement que l’on peut tirer du passage chez une cartomancienne : un motif d’espérer pour le Parti socialiste. Il faut croire que la nouvelle est importante puisque le Nouvel Observateur, après s’être surtout occupé de sexualité au cours de l’été, revient ainsi à des préoccupations plus sérieuses en précisant que 36% des personnes interrogées par le CSA-Le Parisien considèrent cette victoire comme impossible. L’hebdomadaire apporte en outre une contribution non négligeable à la science politique en ajoutant que les « sympathisants » de gauche et du Modem sont plus nombreux à envisager leur propre victoire que les « sympathisants » de droite. Un avant-goût des graves questions politiques que ne vont pas manquer de nourrir les sondages de l’année.

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