observatoire des sondages

Nicolas Sarkozy sur TF1 : ceux qui l’aiment l’ont suivi

vendredi 29 janvier 2010

L’intervention de Nicolas Sarkozy du 25 janvier 2010 sur TF1 a provoqué un inévitable sondage. L’institut Csa, avec Le Parisien et l’AFP, a produit son nouveau trucage, le treizième en 8 ans pour être exact (Le Parisien, 27 janvier 2010). La plupart des commentaires se laissent, une fois de plus, facilement abuser. Innocemment ? L’AFP annonce en effet qu’ « une large majorité des Français avait trouvé le président de la République convaincant ». Elle indique ensuite qu’il s’agissait de « 69% de ceux ayant vu en totalité son intervention », ce qui est…sensiblement différent.

Le Parisien s’est voulu plus précis, en titrant « Sarkozy a convaincu ceux qui l’ont regardé », soit 57% des 8,6 millions de téléspectateurs. Un progrès ? Les téléspectateurs n’étant plus assimilés, comme auparavant, aux non téléspectateurs - les caractéristiques sociologiques et politiques des uns et des autres n’étant pas identiques - on pourrait le croire. Il est en effet raisonnable de considérer que les Français qui n’apprécient pas Nicolas Sarkozy ne l’ont guère regardé et écouté. Ce que les sondeurs savent fort bien comme le directeur de Csa Opinion : « la plupart des gens qui regardent une telle émission jugent a priori crédible la parole du responsable politique interviewé » (Le Parisien, 27/01/2010). La traduction du sondage par Le Parisien est une absurdité logique : « plus l’assiduité des téléspectateurs est grande, plus le chef de l’Etat a séduit ». Il fallait évidemment écrire : « plus le chef de l’Etat séduit, plus l’assiduité des téléspectateurs est grande ».

On pourrait suggérer à ces commentateurs de s’inscrire dans une université où on leur apprendrait les règles de la méthode si on ne craignait qu’ils ne sachent en réalité ce qu’ils font, bref, qu’ils sont à la botte. Un rapide regard sur la fiche technique condamne sans appel la crédibilité de ce type d’enquête. L’échantillon initial annoncé est constitué de 805 personnes, mais seulement 67% d’entre elles, à savoir 540, ont été effectivement interrogées. Certes, la non satisfaction des critères habituels de représentativité numérique est presque un détail au regard de la surreprésentation des téléspectateurs favorables à Nicolas Sarkozy. Si en plus de cela, l’enquête interroge des sondés qui n’ont pas suivi la « soirée présidentielle », des sondés « n’ayant pas vu l’intervention mais en ayant entendu parler », il convient non seulement de s’interroger sur la prestation de Nicolas Sarkozy - forcément convaincante quand on ne pose la question qu’aux convaincus - mais sur la prestation de l’institut Csa.

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