La proposition de loi sénatoriale sur les sondages a été adoptée le 14 février 2011. Sans surprise après la publication du rapport d’Hugues Portelli (UMP) et Jean-Pierre Sueur (PS). Comme a été sans surprise l’opposition du gouvernement. Le ministre chargé des relations avec le parlement, Patrick Ollier, a remplacé au pied levé son collègue Garde des Sceaux retenu par les syndicats de magistrats. Il s’excusait de son impréparation trahie par une petite erreur dès qu’il s’avisait de quitter ses notes pour évoquer sa jeunesse de membre de cabinet du garde des sceaux Alain Peyrefitte lors du vote de la loi actuelle. Il plaçait seulement l’expérience en 1978. Pour le reste, le ministre dut se plier à un exercice d’hypocrisie comme il faut avoir du métier pour s’y prêter. Les intentions sont bonnes et il y souscrivait, annonçait-il, avant des objections juridiques confuses qui montraient l’impréparation des services du ministère de la justice. A la fin, le ministre repoussait donc l’ensemble de la proposition sans proposer aucun amendement et demandait que les parlementaires travaillent avec le gouvernement pour élaborer un texte. En clair, enterrons toute réforme ensemble.
Il faut un certain mépris du parlement pour rejeter sans autre forme de procès le résultat de plus d’une année de travail. Le Président de la commission des lois du Sénat le dit au micro. Chacun avait bien compris que l’ordre venait de l’Elysée où les sondeurs ont porte ouverte. De leur point de vue, il n’est pas sans humour qu’ils défendent l’ancienne loi de 1977 qu’ils avaient pourtant vouée aux gémonies et qualifiée de « loi scélérate ». Il est vrai qu’elle n’est plus appliquée et qu’ils travaillent aujourd’hui dans un espace totalement dérégulé. Pour des marchands de sondages, cela se confond avec la liberté. Quelle que soit la puissance du lobbying des sondeurs auprès du pouvoir politique et de quelques patrons de presse, l’opposition systématique de l’Elysée indique surtout une méthode de gouvernement : la manipulation des Français par les sondages truqués. Cela ne ressemble plus à la démocratie. Sans surprise tant on savait Nicolas Sarkozy peu intéressé par ce genre de souci. Et les sondeurs avec lui.