En plein débat sur les retraites, un sondage CSA-CECOP apporte de l’eau au moulin gouvernemental, au point que la coïncidence intrigue. Selon ce sondage, publié le 18 mai 2010 dans le quotidien économique La Tribune, 66 % des "Français" jugent réel le risque de faillite du système, 64% estiment nécessaire le recul de l’âge légal de 60 à 62 ans, 57% un allongement du temps de cotisation et 50% une augmentation des cotisations. Commentaire du journal : "les Français ont pris conscience de l’urgence de la situation".
Quelques jours avant la Pentecôte, la lumière ne descend pas des cieux mais du CECOP (Centre d’Etudes et de connaissances sur l’opinion publique) entreprise fondée et dirigée par le sondeur Jérôme Jaffré, mentionnée sur la fiche technique. Il relaie le Cercle des Epargnants, présidé par le journaliste Jean Pierre Gaillard, qui est lui même une émanation du groupe d’assurances Generali. En somme, le CECOP joue le rôle d’interface entre le sondeur et le payeur. Les sondés étaient-ils informés ? Ils auraient peut-être mieux compris les formulations des questions, qu’ils soient interrogés sur leurs projets d’épargne, sur le financement des retraites, c’est à dire sur l’augmentation des cotisations, la réduction des pensions versées ou le recul de l’âge légal de la retraite, si inéluctables qu’il faudrait être sot pour discuter. Est-il nécessaire d’ajouter qu’aucune question n’évoque les taxes sur les produits de l’épargne ou du capital ou sur les profits des banques ?
Bénédiction ! Le sondage vient à point pour permettre de saluer la responsabilité des « Français résignés à travailler plus pour sauver le système ». Tant pis si 77% des sondés s’estiment mal informés y compris sur leur propre situation.