Inhibition tant méthodologique que psychologique, à percevoir et à vouloir la vie politique comme une course permanente de « petits chevaux », le professionnel de la doxosophie est comme un marchand de marteaux qui voit le monde comme un clou. Triste tropisme. Qu’il y ait sans conteste une hiérarchie des préoccupations de tout un chacun ne change rien à l’affaire quand les échéances sont aussi lointaines.
Les « préoccupations » du sondeur Elabe [1] et de la Tribune pour la présidentielle 2027 ne regardent assurément qu’eux-mêmes. La date du sondage au tout début de la période estivale, devrait déjà suffire à les disqualifier. Certes tous les Français ne sont pas encore partis. Tous ne partiront pas en vacances, mais qu’ils s’intéressent raisonnablement (en attendant, pour « compenser », etc.) à ce qui arrivera dans quatre ans est risible. Il n’est pas nécessaire de s’en remettre à Ipsos, au Cevipof et au Monde pour le savoir [2]. Sauf sans doute pour ceux qui en vivent. On pourrait presque croire qu’il s’agissait pour Elabe et la Tribune de préparer leurs vacances. Autrement dit avant la pause estivale publions un petit « sondage de m »...comme disait Plantu.
Quoiqu’il en soit qu’ils aient à l’esprit le caractère performatif de ce type d’artefact et qu’ils en usent si longtemps avant le scrutin n’est pas une bonne nouvelle. Un indice supplémentaire de l’incompréhension, là aussi, par les professionnels de la doxosophie de leur rôle dans la désaffection critique pour la vie politique et l’hostilité croissante que suscitent les professionnels de la politique.