Dans le roman policier "Reality Show" de Larry Beinhart, un président faisait écrire un scenario de guerre pour remonter dans les sondages, allusion à la guerre de George Bush père en Irak. Comme il faut des suffrages aux politiques, il faut des événements aux médias. Spécialement aux chaînes d’information en continu. BFMTV serait-elle en train d’inventer un nouveau genre ? Assez proche de l’agitprop. Comme cette chaîne avait mis en scène l’affaire Leonarda jusqu’à envoyer une équipe au Kosovo récolter les réactions de la famille à son expulsion, elle a besoin de sondages. Les records d’impopularité se répètent et cela a des limites. Ne pourrait-on essayer de les convertir en mécontentement plus concret, en bonnes manifs, avec pétards et feux de joie, et pourquoi pas en belles émeutes ? Après tout, ce ne serait que l’expression de l’opinion publique si on suit le sondage BFMTV selon lequel : "Plus des deux tiers des Français prêts à se mobiliser pour protester contre le niveau d’impôts et pour défendre l’emploi" (CSA-BFMTV, 7 novembre 2013).
Plus précisément, "67% des Français se déclarent prêts à se mobiliser, en manifestant dans la rue notamment, pour protester contre le niveau d’impôt et pour défendre l’emploi, dont 30% estiment qu’ils se mobiliseraient « certainement ». A l’inverse, 33% des Français affirment ne pas être prêts à se mobiliser". Plus des deux tiers, c’est exact : 67% est plus que 66,6 %. On se demandait ce que voulait dire se mobiliser, ce sont donc d’abord les manifestations, notamment, mais cela n’exclut pas d’autres types d’actions, spectaculaires si possibles. Seul problème se déclarer prêt n’est pas faire. On peut se demander si le sondage n’offre pas une occasion de se défouler à bon compte, sans descendre dans la rue. En tout cas, on peut se demander l’intérêt de répondre à se genre de question si ce n’est pour râler. Ceux qui ne sont pas prêts seraient-ils handicapés ? Bref encore une fois, la question posées est absurde mais selon la logique habituelle, il serait idiot de ne pas la poser puisqu’on a la possibilité de le faire. A force, cela va bien donner quelque chose.