observatoire des sondages

BVA cible les fonctionnaires

jeudi 7 mars 2013

Si les immigrés, les pauvres, et les fonctionnaires occupent depuis longtemps une place de choix parmi les boucs émissaires idéaux causes de crises de toute sorte, ils sont également devenus ces dernières années des « items », cibles privilégiées des sondeurs quand ceux-ci s’approprient les questions de lutte contre la criminalité, le chômage, ou les déficits publics, se transformant en prescripteurs de politiques publiques. L’enquête BVA du 7 mars 2013 ne déroge pas à cette tradition professionnelle le sondeur appliquant consciencieusement les quelques « trucs » pour en faire un push poll, grossier certes, mais en accord avec l’un des commandements néolibéraux bien connu de ses commanditaires (BFM-TV, Challenges et l’entreprise en conseil bancaire et financier Axys Consultant) : Il faut réduire les déficits publics sans augmenter la fiscalité donc réduire les dépenses de l’Etat et donc réduire le nombre de fonctionnaires.

- 1re étape : constituer un échantillon à la représentativité « problématique » : le sondage est effectué en ligne, les sondés sont donc payés mais « recrutés par téléphone » et sont donc forcément prêts à répondre à n’importe quoi. Petite touche d’originalité : BVA a incorporé des sondés mineurs dans son échantillon.

- 2e étape : poser 3 questions simples sans intérêt dont la dernière est totalement biaisée posant une alternative arbitraire et des plus simplistes.

A - Dans les mois qui viennent, pensez-vous que des emplois pourraient être supprimés dans votre entreprise ?

- Non : 60%
- Oui : 37%

B - Depuis ces dernières semaines, êtes-vous plutôt plus confiant ou plutôt moins confiant concernant l’avenir de la situation économique en France ?

- Non : 75%
- Oui : 23%

C - Pour diminuer la dette et les déficit publics laquelle de ces deux mesures vous semblerait la plus acceptable ?

- Augmenter les impôts et les prélèvements : 8%
- Diminuer les dépenses de l’Etat en limitant le nombre de fonctionnaires : 54%
- Ni l’une ni l’autre de ses solutions : 37%%

- 3e étape : BVA se garde bien de préciser les catégories de fonctionnaires visées. Fonctionnaire d’Etat, fonctionnaire territorial, police, gendarmerie, Santé, enseignement, services fiscaux, ministères, etc. ? Personne n’acceptant en général de gaîté de cœur de payer des impôts et encore moins de voir ceux-ci augmenter faut-il s’étonner qu’une minorité seulement acceptent un alourdissement de la fiscalité ? 8 % de provocateurs sans doute. Au-delà des sondés plutôt peu favorables à la fonction publique rien de surprenant de trouver plus de sondés favorables à une mesure contraignante qui ne les concernent pas. Gageons d’ailleurs que parmi les 37% n’acceptant aucune des deux mesures se trouvent plus de fonctionnaires que parmi les autres sondés.

- 4e étape : Une conclusion parfaitement fallacieuse. Il ne fallait certes pas s’attendre de la part du sondeur à une évocation de l’échec de la Révision générale des politiques publiques entreprise par Nicolas Sarkozy durant son quinquennat et des critiques qu’elle a suscitées de la part de la Cour des comptes. On ne pourra cependant nier au sondeur des talents de lecteurs de marc de café puisque que des trois questions de son enquête il parvient à conclure : « François Hollande, lui est désormais perçu comme menant une politique favorisant les précaires et les salariés du secteur public mais aux détriments des classes moyennes du secteur privé » (Challenges, 7 mars 2013).

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