Contrairement à son prédécesseur, le nouveau « locataire de l’Elysée » semble avoir renoncé aux post-tests suivant les interventions télévisées [1]. Du moins, l’a-t-il dit en déclarant à l’occasion de la conférence de presse du 14 novembre 2012 qu’il ne commandait pas de sondages, et n’avons-nous constaté aucune publication. Le gratuit 20Minutes n’a pas voulu en priver plus longtemps les Français en commandant à Harris Interactive, un des spécialistes du fast poll, un post-test en ligne sur 1103 individus (15 novembre 2012). Concernés, seulement les 78 % de l’échantillon ayant entendu parler de l’échantillon ayant au moins entendu parler de l’intervention de François Hollande.
Comment peut-on demander leur opinion sur un événement à des gens qui n’y ont pas assisté ? Pour les sondeurs, on le sait, il s’agit d’obtenir un échantillon suffisant (pas trop ridicule) de sondés. Surtout si l’on se reporte aux « résultats détaillés » où s’affichent des pourcentages précis qui ne représentent guère d’individus. Rappelons que la campagne électorale terminée, il n’y a plus de contrôle légal pour le signaler. Mais à quoi bon prendre au sérieux les entorses aux règles élémentaires de la statistique quand le travail est vicié à son départ.
Comment comprendre en effet que des sondés ayant seulement entendu parler de la conférence de presse puissent répondre à une batterie de 16 questions avec un taux de non réponse toujours inférieur à 10 %, qu’ils soient convaincus ou pas (dans l’ordre) sur la fréquence des interventions publiques du président, la place de la France dans l’Union Européenne, la politique éducative, la politique en faveur de l’emploi des jeunes, etc. Il fallait être particulièrement attentif à une conférence de 2h30. Mais ceux qui ne l’ont pas vu ont dû être aussi attentifs. Combien ont assisté à la conférence de presse, en totalité ou en partie, ou pas du tout ? Les « résultats détaillés » ne » le disent pas. Par contre le procédé de sollicitation des sondés le dit : la promesse de 8000 euros de gains. Il y a même 22% des volontaires qui ont répondu sans avoir assisté ni entendu parler de la conférence de presse. Parmi eux, les joueurs mais aussi ceux dont l’opinion est si affirmée par avance qu’ils n’ont même plus besoin d’écouter.