Les sondeurs ont-ils décidé d’aider la critique par leurs turpitudes ou veulent-ils la faire taire en la rendant trop facile ? La question se pose à la lecture de la nouvelle invention d’OpinionWay-Le Figaro-LCI-Fiducial : le baromètre des primaires, dont la première livraison place Dominique Strauss Kahn en tête des intentions de vote au premier tour de la primaire socialiste (46%), devant François Hollande (22%) et Martine Aubry (19%), s’il avait lieu le dimanche 17 avril 2011 (Le Figaro, 15 avril 2011).
Destiné comme son nom l’indique à rythmer le bruit médiatique autour des candidatures à la présidentielle de 2012, ce nouveau sondage est une illustration supplémentaire de la dégradation continuelle de produits dont, semble-t-il, les sondeurs n’ont cure.
Ce sondage en ligne ajoute à tous les défauts une faiblesse criante des effectifs répondants : 171 personnes. En effet, seuls 18% des 951 personnes dites représentatives des sympathisants de gauche constituant l’échantillon du baromètre ont déclaré qu’elles iraient voter lors de cette primaire (des « électeurs potentiels » selon la formule d’OpinionWay).
Que signifient les intentions de 79 personnes en faveur de Dominique Strauss-Kahn, les 41 personnes favorables à Martine Aubry ou les 31 favorables à François Hollande [1]. Est-il même besoin d’en appeler aux lois de la statistique ?
Les commentaires journalistiques - ne pouvait-on s’en passer ? - n’ont rien relevé d’anormal, et ont effectué un saut quantitatif miraculeux avec, comme la multiplication des pains, nos 171 sympathisants de gauche transformés en 2 à 2,5 millions d’électeurs (cf. image ci dessous).
L’un des commanditaires de ce baromètre, la société d’expertises comptables Fiducial, ne se présente-t-elle pas comme une société qui « propose son expertise dans les métiers du chiffre » ? Les candidats potentiels en seront-ils troublés ?