"Une adolescente sur cinq a déjà tenté de suicider". On sait le goût immodéré d’une partie de la presse pour les annonces sensationnelles. Mais face à une telle "information" (Europe1, Le Monde, France Inter, Le Parisien, Huffingtonpost.fr, etc., 5 février 2014), difficile de faire la "fine bouche". La lecture des commentaires rassure quelque peu. Il ne s’agit pas d’une étude épidémiologique comptant les tentatives de suicides mais d’un sondage [1], mené auprès de 1817 d’adolescents de 15 ans (tirés au sort), auxquels il a été demandé :
Au cours de ces douze derniers mois, as-tu tenté de te suicider ? Au cours de ta vie, combien de fois as-tu tenté de te suicider ?
21% des filles et 9% des garçons de l’échantillon ont répondu positivement. Comme tout sondage, les résultats doivent être considérés au regard de réponses autodéclaratives. Les auteurs du sondage le rappellent au fil des citations [2] et en appellent à une enquête spécifique sur le suicide des adolescents : "Que ce soit vrai ou imaginaire, cela traduit quelque chose, qu’il faut creuser », suggère l’un avec un humour involontaire (Le Monde, 5 février 2014). Ainsi, sonder n’est pas creuser. Ce pourrait même être une raison de s’abstenir d’un titre faux mais racoleur.