On approuvera le sondeur Harris Interactive de tenter une enquête sur les attitudes à l’égard de l’Europe même si la méthode (par internet) est la plus discutable (cf. « Les 5 types de relations entre les Français et l’Europe », Harris Interactive, Slate.fr, 22 mai 2014). Cela dénote au moins un essai de compréhension avec la combinaison du quantitatif et du qualitatif par le recours à des verbatims. L’intention est bonne. Sans doute une typologie n’est-elle que le début d’une enquête mais c’est toujours mieux que d’aligner des pourcentages d’intentions de vote. Encore faut-il que la typologie soit bien construite. Là le bât blesse. Illustration (cliquer sur les vignettes pour zoomer)
Sur deux points majeurs la typologie est déficiente : la neutralité axiologique et l’exclusivité des catégories. La neutralité ? On ne peut appeler « ignorants » ceux qui sont indifférents à l’Europe. Confondre critique et hostilité n’est guère valorisant pour la critique. Quant à l’exclusivité qui suppose que les catégories ne se superposent pas ou encore que les mêmes personnes ne puissent être dans une catégorie et dans une autre, le choix du terme « critique » pour désigner les adversaires de l’Europe ne peut leur être réservé à supposer qu’il leur soit même adapté. Ainsi, les partisans de l’Europe verte et sociale expriment généralement un point de vue critique à l’égard de l’Europe telle qu’elle est. De même que ceux qui expriment une demande de protection sociale. Quitte à classer autant bien le faire.