"Touche pas à mon église ! : c’est ce que répondent (très) massivement les Français à Dalil Boubakeur. Selon notre sondage exclusif Ifop-Valeurs actuelles, pas moins de 67% d’entre eux près de sept sur dix ! - répondent, en effet, non à sa proposition de “recourir aux églises vides ou abandonnées pour accueillir les fidèles musulmans” " (Valeurs Actuelles, 8 juillet 2015).
Au fait quelle était la question ? Celle-ci était présentée par une explication :
"Pour répondre à la pénurie de lieux de culte musulmans en France, Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman, a proposé de recourir aux églises vides ou abandonnées pour accueillir les fidèles musulmans". La question proprement dite suivait : "Vous personnellement, seriez-vous favorable ou opposé à ce que des églises vides ou abandonnées soient transformées en mosquées ?".
En somme, la réponse était dans la question. Le sondeur a pris bien soin d’annoncer que c’était une proposition musulmane, d’ailleurs contestée, de manière à obtenir une large majorité contre cette proposition. Comme d’autres du genre "êtes vous favorables au démantèlement des camps illégaux de Roms ?" Réponse : oui puisqu’ils sont illégaux, cette question mérite de passer à l’inventaire des sondages bidonnés (Cf. Sondage pousse au crime : l’Ifop et le Figaro plébiscitent Nicolas Sarkozy, la presse compte les points). Ici, selon le modèle d’une présentation faussement pédagogique. Une autre explication préalable aurait pu être : "les églises abandonnées coûtent cher au contribuable, aussi seriez-vous.... ?".
Il y a biais plus grave. Si une large majorité de sondés se prononce contre cette conversion des églises en mosquées, il faudrait savoir ce que ces majorités refusent - la religion musulmane, la présence d’un lieu public à proximité de chez eux, le minaret et l’appel à la prière, etc. Autant dire que l’on mêle des catholiques, des islamophobes, des mécréants hostiles à tous les lieux religieux, églises ou mosquées, les voisins craintifs, Autrement dit un inventaire à la Borges.
De telles campagnes de manipulation en disent long sur le mépris pour les gens qu’on manipule en les faisant répondre à une question biaisée (2027 personnes interrogées par un questionnaire "auto-administré" autrement dit en ligne comme un vote de paille) ou qu’on tente de manipuler en s’efforçant de les faire croire.