A. Duhamel : Pour ces raisons, je pense qu’on vit à la fois une crise de régime et une crise de société. Le rejet par les Français des institutions, des partis et des responsables politiques atteint un niveau inédit, avec la tentation, très préoccupante à mes yeux, de remplacer la démocratie représentative par la démocratie d’opinion.
Le Monde : comment analysez vous l’échec de F. Bayrou ?
A. Duhamel : Avant de parler de son échec, je voudrais quand même dire un mot de son mérite, qui est d’avoir essayé de faire prendre conscience à l’opinion de l’extrême difficulté de la situation. Soit dit en passant, c’est le président de la République qui aurait dû dire ce genre de choses, et depuis longtemps. Il ne l’a pas fait et c’est le premier ministre qui s’en est chargé. Il faut le mettre à son crédit.
(Cf. Le Monde 7 septembre 2025). Le 1 octobre 2025 il déclarait à la tribune de Sud-Ouest :
Sud-Ouest : Craignez-vous pour la survie de notre démocratie ?
A. Duhamel : Oui, pour la première fois de ma vie, je pense que la démocratie est en danger.
... Mais plus loin il ajoute
Séquence peut-être la plus marquante dans votre carrière : ce moment, dans l’émission « Cartes sur table », en mars 1981, où à quelques jours de la présidentielle, François Mitterrand assume son opposition à la peine de mort…Un moment historique ! Plus de 60 % des Français étaient pour la peine de mort.
Et (enfin) au début de l’interview
Sud-Ouest : Commençons par l’actualité brûlante : que vous inspirent les réactions à la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison avec exécution provisoire ?
A. Duhamel : ...Ceci étant, selon une enquête d’opinion Elabe-BFMTV sur la perception de ce jugement, une majorité de Français (58 % NDLR) estime que les juges ont rendu une décision impartiale, et appliqué le droit.
40 ans plutôt, Alain Duhamel était l’interviewer qui avait répondu au mépris pour les sondages de J.P. Chevènement : « mais c’est scientifique ». (Cf. L’heure de vérité, Antenne 2, 1982).
On ne change jamais... complètement.
