Prédipol ne pouvait donc que réussir puisque cela était écrit d’avance. Le bulletin de victoire a donc été publié par le site. Il n’a guère été repris dans la presse. Significatif. Il faut dire que le bilan est moins brillant dans le détail. 2500 participants ayant cliqué au moins une fois : c’est peu. C’est même raté. Il aurait fallu en tenir compte mais non, on ne renonce pas comme cela. En fait de résultats, le site ne produit que les écarts aux sondages assurant que Prédipol fait mieux sauf sur le Modem. Et quand on se trompe, il faut des coupables :« Cette erreur grossière qui pénalise Prédipol est malheureusement en grand partie le fait d’une manipulation de la part de militants Modem qui ont trouvé là un moyen peu onéreux de se donner du cœur au ventre face aux sondages désastreux…. ». Cela commençait comme un sec mea culpa, ce n’était donc qu’une accusation : certains ont triché. Comment n’y avaient-ils pas pensé ? Cette hypothèse a toujours fait partie de l’univers des sondages qui cherchent à éviter les fausses déclarations et autres biais. Il est vrai que les sondeurs ne sont pas des croyants mais des marchands et ne peuvent comme des croyants être surpris de l’intrusion de païens dans leur Eglise.
Prédipol a-t-il fait mieux au deuxième tour ? Seule indication sur le site : « Seul Prédipol a prédit la victoire de l’UMP en Alsace ». C’est peu. C’est même raté.
Prédipol a cependant trouvé dans son fiasco une raison de promouvoir l’entreprise. On avait en effet deviné qu’ils prétendaient ouvrir la voie à la légalisation des marchés prédictifs payants (cf. Paris, argent et élections). La foi libérale n’aurait pas de sens si elle n’ouvrait la perspective de gains sonnants et trébuchants. La performance aurait-elle été concluante que la revendication aurait été formulée au titre même de cette performance. Elle ne l’est pas, c’est de la faute à l’interdiction de rémunérer les parieurs : « La gratuité de la participation à Prédipol est une contrainte légale qui renforce le pouvoir de nuisance des manipulateurs et limite l’efficacité du marché ».
Observation finale : plutôt que la « sagesse de la foule », audacieusement « théorisée » par les doctes professeurs de finances des business schools compromis dans cette affaire, on aurait pu imaginer que les pronostics d’un seul bon connaisseur des élections auraient beaucoup mieux réussi.