observatoire des sondages

Le Monde s’est mêlé de faire une enquête sur les sondages commandés par l’agence gouvernementale du SIG ou Service d’information du Gouvernement [1]. Exploitant la brèche ouverte par Raymond Avrillier qui s’était fait communiquer grâce à l’intervention de la CADA les sondages alors commandés par la présidence de Nicolas Sarkozy, la gestion des commandes publiques de sondages politiques est donc revenue dans le giron du SIG qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Cette gestion n’en est pas moins restée confidentielle comme les enquêteurs du Monde ont pu le mesurer devant le refus de communiquer du SIG. Celui-ci a en partie cédé devant la menace d’une injonction à communiquer ces documents publics.

Après une première livraison partielle (30 mars 2022), le journal évoque les sondages consacrés à la gestion du Covid 19 : un nombre faramineux de 225 sondages (4 mai 2022). Entre les lignes, on peut sans doute lire l’étonnement devant un tel chiffre. Comme il se doit le sondeur Brice Teinturier justifie cette abondance par les besoins de gouvernance et la qualité des sondages. On est prié de croire sur parole. On peut sourire de ce plaidoyer pro domo de ceux qui se font payer par les pouvoirs publics. Serait-il malséant d’observer qu’ils en profitent ? Et encore que cette abondance passe d’autant mieux que le payeur est le citoyen.

Pourtant, tous ces sondages ont, il faut bien le dire, un intérêt fort limité. Les questions posées et les résultats obtenus font même douter de leur utilité mais aussi de celle d’un gouvernement. Qu’est-ce en effet que de gouverner s’il faut s’en remettre de façon compulsive à une opinion de sondages. Au moins cela fait-il douter de la clarté du jugement sinon de la timidité des volontés.

Sous la pression de la CADA le SIG va probablement livrer quelques éléments nouveaux. Nouveaux ? Il est à craindre que le secret dévoilé ne soit que celui d’un grand vide. Le vide n’est-il pas le plus grand des secrets ?


[1Sur le SIG, ce qu’il est et ce qu’il fait, notamment son département « Études et sondages », on se reportera utilement sur l’article Les usages gouvernementaux des sondages d’opinion que nous republions en accès libre cette fois. Il n’a, sans surprise, pas pris une ride, il est tiré de l’ouvrage (numérique) : A. Garrigou (dir.), Critique des sondages, Le Monde Diplomatique et l’Observatoire des sondages, Paris, 2013.

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