On sait que les stagiaires officient en cette saison dans les médias. Ce n’est peut-être pas le plus encourageant puisqu’ils sont les plus jeunes et les futurs professionnels. Un bel exemple en a été donné par la dépêche de l’AFP dont l’auteur s’esbaudit stupidement devant l’excellence mondiale avec des mimiques de précieuses ridicules (AFP 15 août 2016). Une rhétorique people appliquée à un classement statistique. Certes les statisticiens chinois de Shanghai ont dû faire des progrès depuis le début des années 1990 où ils lancèrent ce classement - très naïvement car aucune grande université n’aurait osé - pour guider les étudiants chinois - et leur gouvernement - dans leurs stratégies pour étudier à l’étranger en ce temps d’ouverture pour la Chine. Au même moment ces statisticiens chinois ignoraient à combien d’habitants se montait la population de Shanghai. La Chine ne disposait pas encore de démographes et statisticiens pour étudier les importants flux de populations dans des villes en pleine rénovation et des campagnes en pleine désertification. On note cependant que les universités chinoises sous contrôle politique étroit font beaucoup de progrès scientifiques pour arbitrer les podiums d’excellence intellectuelle. En tout cas, elles ne les ont certainement pas fait dans le sens de l’esprit critique.
Il n’a même pas effleuré l’esprit de nos commentateur de l’AFP et des médias qui ont relayé l’information sans aucune distance critique, à l’exception du journal Le Monde [1], que l’on pouvait légitimement s’interroger sur la relégation de la France derrière l’Australie - puissance régionale appréciée des étudiants chinois - et de la seconde place encore améliorée de la Chine qui, à coup sûr prendra bientôt la place des Etats-Unis, la première (le seul article critique . Bien sûr il faudrait aussi s’interroger sur la fabrication des statistiques qui sont tout sauf naturelles et il est étonnant comme on l’a peu fait. Par mépris des scientifiques, par intérêt (ils sont dans une université bien classée), par peur d’être qualifié de mauvais joueur, et le plus souvent par mépris. Plutôt qu’une interrogation critique, les responsables politiques et scientifiques français, même sceptiques sur le classement de Shanghai, ont préféré proposer une réponse toute pratique et toute légitimiste : il faut réorganiser les universités françaises et par exemple les regrouper pour qu’elles excellent dans ses classements (cf. Thierry Mandon, secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Europe 1, 16 août, 2016). On en peut dire plus crûment l’efficacité des classements que d’en satisfaire les critères et leur stupidité puisqu’ils dépendent de cela et non de la qualité de la science.