Encore une preuve que les sondages font dire ce qu’ils veulent aux sondés. Si l’on en croit Odoxa les "Français" seraient majoritairement favorables à une réforme de la loi pénibilité (64%) [1]. De quoi réjouir, d’après le quotidien les Echos, les organisations patronales et en particulier le Medef (4 décembre 2014). D’autant que le sondeur affirme, trois jours après son homologue OpinionWay, que les "Français" soutiennent la "grogne des patrons". En pleine semaine de mobilisation patronale, faut-il y voir une opération concertée entre sondeurs et syndicats de patrons ? [2]
La loi dite "pénibilité" vise à contrôler les facteurs de vieillissement prématuré : port de charges lourdes, travail de nuit, travail à la chaîne, exposition aux produits toxiques, etc. L’espérance de vie des cadres à 60 ans est de 23 ans contre 17 pour les ouvriers (cf. Le Canard Enchaîné, 3 décembre 2014). Les résultats de ce genre de sondages sont évidemment utiles pour les employeurs. Rien d’étonnant les commanditaires sont : BFM Business, Challenges, et Aviva assurance. Mais cocasse, certains sondés sont-ils si sots qu’ils veulent mourir plus tôt ? Il est vrai qu’on leur facilite la tâche par une question qui insiste plus sur l’urgence des mesures que sur le fond :
Dites-moi si vous êtes plutôt favorable ou plutôt opposé à chacune des propositions suivantes :
Réformer la loi dite « pénibilité » qui oblige les entreprises à revoir toutes leurs fiches de paie d’ici au 1er janvier 2015 pour y faire figurer le nombre d’heures travaillées dans des conditions pénibles par chacun de leurs salariés
(64% pour / 36% contre)
Un peu pervers, non ?