Chargé d’élaborer des propositions en vue d’une loi sur l’euthanasie, le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE), a confié à une « conférence de citoyens », conformément également au souhait présidentiel, le soin de formuler les premières propositions en la matière. Les propositions viennent d’être rendues publiques. Inaugurée lors des « états généraux de la bioéthique » organisés en 2009, la « conférence de citoyens » a pris toutefois une nouvelle dimension. Car c’est à un sondeur que le CCNE a dévolu la tâche de composer cette « conférence de citoyens », en l’occurrence l’Ifop, « reflétant » selon les termes du sondeur, « la diversité de la population française ». Il s’agit donc d’un banal focus group de 18 personnes, entérinant une réduction drastique de l’échantillon, plus facile et plus rapide à constituer que les multiples réunions publiques sur le stockage des déchets nucléaires ou sur les questions de bioéthique (recherches sur l’embryon, dons d’organes etc.). En somme une instance de consultation (CCNE) recrute une instance de consultation (conférence des citoyens).
Les commissions ne sont plus forcément la manière d’enterrer les problèmes comme le disait Clémenceau au temps du parlementarisme. Au regard des conclusions publiées, on peut se demander à quoi servent ces consultations sur des sujets graves et même urgents où le Président de la République s’est exprimé en incluant la réforme dans son programme, où le CCNE a eu aussi l’occasion de s’exprimer. Qu’apporte la nouvelle consultation de 18 citoyens ? Désignés en toute obscurité, ils ne sont ni qualifiés ni représentatifs. S’agit-il de gagner du temps ? Ou les dirigeants politiques sont-ils si peu sûrs aujourd’hui de la légitimité conférée par leur élection qu’il leur faille encore consulter. Ou si peu sûrs de leurs réponses qu’ils en attendent de nouvelles ?