observatoire des sondages

Ipsos Italie fait perdre Berlusconi. Jusqu’à la prochaine estimation ?

vendredi 11 février 2011, par Jérémy Mercier

Sous le titre, « Il Cavaliere in calo nei sondaggi perde con Bersani, Casini e Vendola », le quotidien italien La Repubblica, présente, ce jeudi 10 février, une synthèse pour le moins ambigüe relative à la baisse dans les sondages du président du Conseil italien. Ces sondages ont été réalisés par l’entreprise Ipsos Italie, présidée par M. Nando Pagnoncelli. Ainsi, 61% des sondés (dont on ne sait rien de plus si ce n’est qu’ils furent sondés) estiment, aujourd’hui, que Silvio Berlusconi devrait démissionner. Plusieurs causes seraient responsables de cette « dégringolade » : la loi sur le fédéralisme et surtout les compromissions du personnage dans l’affaire Ruby qui remplit les pages et l’actualité des quotidiens italiens. M. Pagnoncelli, lors l’émission télé Ballarò, sur la chaîne Rai 3, explique le sens des mécontentements de ces sondés : un large front d’opposition anti-berlusconiste est en train de se constituer sur des positions radicales. Fort de son expertise sondagière, sans qu’aucune précision ne soit donnée sur les échantillons de la population sondée (âge, profession, etc.), ni sur les raisons de cette opposition à Silvio Berlusconi, on apprend qu’en simulant une confrontation directe entre ce dernier et certains partis de gauche et centre-gauche italiens, tout laisserait penser que Pier Luigi Bersani, secrétaire général du Parti Démocrate, l’emporterait (à 43% contre 33%). De plus, en cas d’une coalition de centre-gauche « tous contre Berlusconi », celle-ci l’emporterait (41%). Dans le même temps, 40% des sondés sont indécis, expliquant ne pas ou plus trouver d’intérêt dans les élections et dans le suffrage populaire. Ces derniers participant d’un taux d’abstention record en Italie, qui fait aussi la spécificité politique de la péninsule. Mais qu’en est-il du côté de la droite et de la Ligue du Nord ?

Justement, le problème reste ouvert, et dénote l’inanité de ces sondages, qui qualifie ce camp de « centre-droit » ! Dans le même temps en effet, d’autres entreprises de sondages, reposant sur des données tout aussi opaques, annoncent une chute sans précédent du Parti Démocrate, au profit d’un maintien dans les intentions du vote pour le Pdl de Berlusconi, un accroissement pour Futuro e Libertà (Fini) et pour la Ligue du Nord (de Bossi, en associant avec le Pdl). En cas de coalition de cette droite dure (reposant sur des aspirations fascistes, exaltant la libre-entreprise, le régionalisme et l’homophobie), le pire est à venir. En Italie aussi, les sondages menacent la démocratie. Dans tous les cas, les méthodes qu’ils emploient ne sauraient être des remèdes à la dérive réactionnaire et xénophobe de la classe dirigeante transalpine.

(Gênes)


Jérémy Mercier

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