A l’occasion de la fin de l’année 2010, un sondeur français est interrogé sur la situation des différentes personnalités politiques (Talk Orange - Le Figaro, 22 décembre 2010). Où l’on constate que son langage, pour être dépourvu de toute science, ne manque pas d’humour. Quelques extraits…
Sarkozy ou « construire une candidature » !
Carl Meeus (Le Figaro) : […] avec une popularité aussi basse on peut facilement construire une candidature pour 2012 ?
« Difficulté d’opinion » ? Le vert puis le rouge…
Jean Marc Lech (Ipsos) : Nicolas Sarkozy est en difficulté d’opinion depuis janvier 2008, c’est le moment où il est passé du vert, il a commencé avec une grande popularité, plus de 60% des Français […] janvier 2008, c’est le moment où les courbes se croisent c’est à dire le vert devient rouge, donc il a davantage d’opinions négatives que positives, de défiance que de confiance, et il ne s’en est jamais remis […]
Quand le conseiller pointe derrière le sondeur… pour un travail difficile et cher…
JML : Vous avez très peu de gens qui n’ont pas d’opinion aujourd’hui, les fameux NSP, ne se prononcent pas […] : ils sont entre 0 et 4, donc il s’agira de transformer une intensité de rejet et de défiance en une intensité de désir, et ça c’est un travail extraordinairement compliqué à faire.
« Fillon fait le trou ». Encore le vert et le rouge…
JML : Alors Fillon lui fait le trou avec Sarkozy, c’est-à-dire qu’il fait la différence avec lui, dès ce même mois de janvier 2008, c’est à ce moment là que Fillon passe au vert et il ne sera que rarement au rouge, Fillon se promène toujours entre 45 de faveur et 52-53 de défaveur, donc il est 10 à 15 points au dessus de Nicolas Sarkozy, pourquoi ?
Un imbroglio… bien compliqué
JML : ...parce que Sarkozy aujourd’hui mécontente 20% de son électorat du premier tour de 2007 alors que Fillon ne mécontente lui que 10% de l’électorat de Sarkozy du premier tour de 2007, je passe Bayrou, je passe tout ça, la difficulté qu’a Nicolas Sarkozy pour sa réélection, c’est le premier tour à cause de Marine Le Pen, mais c’est surtout le deuxième tour. Quand vous distribuez un premier tour Strauss Kahn-Sarkozy, vous avez 50%, donc il vous reste 50 pour le deuxième tour à conquérir. Hé bien c’est simple Sarkozy en prend 14 et Strauss Kahn 36. Donc le deuxième tour s’installe comme un référendum contre Sarkozy, c’est à ça que le président devra s’affronter, donc s’il pense gagner de peu, le risque majeur pour lui, c’est la cohabitation juste après dans l’organisation Jospin qui veut que les législatives suivent la présidentielle quelques semaines après.
DSK ? L’ascenseur ou l’escalier
JML : dès qu’il sera en lice il va probablement dégringoler sinon de plusieurs étages dans l’ascenseur, du moins de quelques marches dans l’escalier.
« Temps court et temps long ». Et puis, « la gazelle et la casaque »…
JML : La compétence est un temps long, là où Nicolas Sarkozy a été élu en 2007, avec la rupture et l’action, qui est un temps court, DSK a un peu plus le temps. Mais alors est-ce que c’est une sorte de gazelle pré-électorale et qu’il peut gambader vraiment et mettre le feu à la prairie, c’est pas son style c’est pas son genre, et plus la crise mondiale dure plus finalement troquer la casaque FMI contre une casaque de candidat de gauche ça va être compliqué.
En 2006, les sondeurs interrogeaient les « sympathisants » (et non les militants). En 2010, ce seront les « mickeys »…
JML : en 2006 la primaire était une primaire sondagière, Royal était vainqueur, les sondeurs interrogeaient les militants socialistes, les militants disaient la même chose que les électeurs […] là, vous avez plein de Mickeys qui peuvent arriver et raconter ce qu’ils veulent […]
« Marinella : 15 % maximum » !
JML : on s’excite beaucoup sur les bonnes opinions la concernant [Marine Le Pen] c’est entre 22%-27%. […] mais la quantité de gens qui ne l’aime pas c’est 62, 63, 65%, donc elle clive autant que le papa. Donc elle n’est pas Marinella […] ça fait 15% maximum et pas plus.
Hulot ? Ushuaïa, Fontainebleau, Grenelle et le reste…
JML : C’est plus Ushuaïa, ce n’est plus directement le faiseur de magazines, le mec qui habite à Fontainebleau dans une hutte, enfin bon c’est plus ça, c’est quelqu’un qui a un contenu, il a participé au Grenelle, donc s’il veut être candidat il perturbera tout le jeu politique beaucoup plus que les autres ne pourront le faire.
Et pour conclure, un petit coup de mépris pour Christian Jacob et un gros pour les Français
JLM : On pourrait dire à Christian Jacob : fume ! [… ] il y a une liste d’une quinzaine de sujets de préoccupation, et une possibilité de réponse, en 1 le chômage, en 2 le pouvoir d’achat, en 3 les inégalités et en 5, seulement, la réductions des déficits.
CM : donc ce n’est pas le sujet de 2012 ?
JML : Mais non les Français pensent qu’avec les déficits c’est comme avec la sécurité sociale, ce que les Français aiment avec les déficits et aiment avec la sécu c’est qu’on fasse des Télétons, c’est-à-dire qu’y aura qu’à renflouer en donnant de la tune, y a qu’à monter trois émissions de télé et on donne du pognon et après on regarde comment on a réussi à faire un petit trou.