Ce n’est pas parce que nous prenons pas pour des vérités les résultats des sondages, surtout s’ils varient selon le libellé des questions, qu’ils n’apportent aucun renseignement.
Comme le plus souvent le résultat synthétique « tant de % pour ou contre » est peu fiable et inintéressant. Tandis que les corrélations statistiques, même approximatives, sont signifiantes. Le dernier sondage Lh2-Nouvel Observateur (9 septembre 2013) fait apparaitre les mêmes corrélations que les précédents. Les principales étant les corrélations des réponses avec l’âge des sondés (plus on est âgé plus on est défavorable à une intervention) et avec le niveau d’instruction (moins on est instruit plus on est hostile à une intervention). Cela confirme les études de science politique qui montrent que sur les sujets politiques complexes, notamment les relations internationales, les motivations morales (le mal ou le bien, le bon et les méchants) tendent à l’emporter sur les motivations proprement politiques (les intérêts en jeu, les stratégies, le droit international...) [1].
Le mode d’interrogation simpliste et rapide des sondages d’aujourd’hui amène une sur-représentation des agents sociaux les plus dépolitisés et les plus sensibles aux principes moraux. Paradoxe d’une opinion sondagière orientée ainsi par les citoyens les plus mal informés (niveau d’instruction) et les plus accessibles à la peur (les personnes âgées). Evidemment nul commentateur ne fait état de ses biais méthodologiques qui ne sont pourtant pas hors de portée de tout analyste compétent et même du citoyen ordinaire.