Les anciens Grecs n’eussent pas manqué de consulter la pythie de Delphes s’ils avaient élu un président. Dans l’élection présidentielle américaine de 2012, les nouveaux oracles ont été consultés, bien plus fiables et précis que la prêtresse d’Apollon. Il est vrai que la prophétie ne vient pas d’une inspiration divine mais de la « science ». Nous apprenons donc que différents procédés prédisent tous la victoire de Barak Obama.
- Selon James Campbell [1] concepteur d’une modélisation élaborée à partir de données relatives à l’emploi et à la croissance économique, Barak Obama sera réélu avec un score 52%.
- Thomas M. Holbrook et Jay DeSart [2], co-créateurs d’un modèle fondé sur diverses données politiques (historique des votes, etc.), annoncent la défaite de Mitt Romney face au président sortant avec un score de 46,87% contre 53,13% pour Obama .
- En France, Véronique Jérôme-Speziari et Bruno Jérôme [3], économistes qui avaient annoncé la victoire de Nicolas Sarkozy à la dernière présidentielle [4], prédisent cette fois la victoire de Barak Obama avec un score de 51,6%.
On devine que ces chiffres servent à conforter des électeurs – peut-être ces Français dont un sondage affirme qu’ils sont très largement favorables à Obama - et plus encore à promouvoir les nouveaux prophètes. Et s’ils se trompaient ? Les modernes prophètes ne se retranchent pas derrière des propos flous, dont on dit encore aujourd’hui qu’ils sont « sybillins », la sybille étant un autre nom de la pythie. Les chiffres contemporains sont précis. Plutôt que l’ambivalence des oracles, les devins ont une autre méthode face à l’erreur : l’amnésie. Avant chaque élection, l’exercice de divination est répété. Avec des fortunes diverses. Se souvient-on des échecs ? [5]