Le programme Prism des services de renseignements américains déclenche-t-il une polémique sur la protection de la vie privée des citoyens du monde, un sondage – américain – nous apprend que 56 % des citoyens – américains – sont favorables à cet espionnage (Washington Post-Pew Research Center-Capital insight, 10 juin 2013). Une caution démocratique ? C’est bien ainsi que les services concernés le conçoivent et semble-t-il que les médias l’ont conçu. Avec peut-être une légère dose de scepticisme pour un sondage très opportun [1]. Pourtant, il ne s’agit pas d’un renfort démocratique mais au contraire d’une technique augmentant la dangerosité de ces pratiques.
Les sondages consistent par définition à recueillir des informations sur les opinions et peuvent donc (pour ne pas dire sont déjà) participer aux dispositifs de surveillance. C’est même une raison fondamentale qui amène des citoyens à refuser d’être sondés. Et, à l’inverse, il faut que la petite minorité de sondés – ceux qui acceptent de jouer le jeu des sondeurs – ne nourrissent pas une forte crainte de la surveillance [2]. Autrement dit, par la force des choses, la méthode de sondage exclut les citoyens les plus sensibles à la surveillance et retient les personnes les moins sensibles. Les agences d’espionnage peuvent donc en toute sécurité commander des sondages qui légitimeront leurs pratiques. Big brother peut surveiller avec le consentement des sondés.