C’est peu dire qu’on s’y attendait. Après avoir répété à tort et travers pendant des mois que les sondages ne sont pas une prévision, et quelques heures encore avant le scrutin que tout était encore possible, les sondeurs pouvaient dès la publication des premières estimations exprimer leur soulagement et retrouver un peu d’assurance. Finies les justifications dilatoires, le temps d’afficher sa satisfaction était, enfin, arrivé, à l’image du directeur général délégué d’Ipsos France.
« Nous sommes exactement dans ce qui avait été annoncé » (France 2, 23 avril 2017). L’ordre d’arrivée, ou les scores, importaient peu en définitive. Jean-Luc Mélenchon aurait été qualifié pour le second tour avec Marine Le Pen, à moins que ce ne soit François Fillon avec Emmanuel Macron, le sondeur se serait adressé le même satisfecit. A grands renforts de « dynamique » [1] et de « sursaut » pour les uns et d’effritement ou de tendance à la baisse pour les autres. Des mouvements perceptibles, bien sûr, dans les mesures publiées [2].
En fait un jeu où l’on gagne presque à tous les coups.
[1] Un mot « magique » très à la mode chez les sondeurs en mal d’explication.
[2] Pour Marine Le Pen, par exemple, confrontée selon les sondeurs à un effritement des intentions de vote en sa faveur. Le diagnostic de Frédéric Dabi (Ifop) est d’ailleurs sans appel : « Marine Le Pen est en train de rater sa campagne », Le Monde, 19 avril 2017.