A la question « Souhaiteriez-vous que le prochain président consulte les Français par référendum afin de vous faire approuver ses grandes réformes ? », 81% des Français répondent par l’affirmative, contre 19% qui n’y sont pas favorables.
« Premier » biais puisqu’il s’agit de demander à des gens s’ils veulent être interrogés par référendum. Qui pourrait être contre sa propre consultation ? Difficile de dire : « non je ne veux pas être consulté ». Quand on sait que cette question ne vaut que pour appuyer certains candidats à la primaire de la droite et du centre [2], cela revient à utiliser une procédure de consultation directe pour appuyer un représentant et donc à faire entrer les questions dans les rails de la tactique électorale. Ruse de la raison.
Il est d’autant plus difficile de pas répondre que l’échantillon est interrogé par internet où il y a un ou deux euros à gagner. Et où les internautes comprennent bien qu’il faut avoir une opinion pour les gagner. D’ailleurs, aucune question du sondage n’est laissée sans réponse. Tout le monde a donc une opinion. La preuve : ils la donnent et la donnent « bien ». Comment pourraient-ils faire autrement ? [3]
Autre question : « Personnellement, seriez-vous prêt à soutenir un courant politique réformateur, qui dépasserait pour un temps le traditionnel clivage gauche/droite et s’engagerait à mettre en œuvre les réformes économiques, fiscales et sociales dont la France a besoin depuis plus de 20 ans ? »
A nouveau, qui pourrait être contre les réformes ? Qui pourrait être contre un rassemblement des bonnes volontés échappant au « traditionnel clivage droite-gauche » ?
Combien d’internautes ont-ils accepté de se laisser ainsi manipuler ? Au moins ce sondage offre-t-il une information sur la sottise d’un sondeur, d’un média et de quelques sondés. Grande, à moins que ce ne soit du cynisme. Pas très subtil non plus.
Il est vrai que le titre du Figaro ne laisse pas d’ambiguïté : « Les Français plébiscitent les réformes ». Les auteurs n’ont pas semblé s’apercevoir que leur procédé ressemble fort aux procédures de ratification qui régissent les dictatures.