On peut se demander si les journalistes ne sont pas systématiquement dans la même situation qu’Epiménide dès lors qu’ils parlent de sondages. Ainsi, dans Libération le rédacteur en chef adjoint du service France écrit dans un édito titré : « les sondages miroir des indécis » :
« si aujourd’hui beaucoup d’électeurs de gauche hésitent encore sur leur bulletin de vote, c’est parce qu’ils veulent être sûrs de pouvoir écarter le scénario noir d’une confrontation entre Marine Le Pen et François Fillon au deuxième tour de scrutin » (Libération, 15 mars 2017).
Comment le sait-il ?
Les sondages bien sûr ! Comment les sondages incapables de statuer sur les opinions « trop indécises » pourraient statuer sur l’indécision ? Et de nous donner des chiffres « le socle des irréductibles » : « 50% pour Macron, contre 72% pour Fillon ou 81% pour Le Pen. Un ratio équivalent pour Hamon ou Mélenchon » (Libération, Ibid).
Est-ce si sûr ? surtout quand on affirme à propos des sondages en début d’article : « leur caractère prédictif n’a jamais été aussi peu fiable ».
Un cas d"école pour les centres de formation de journalistes et les dialecticiens.