"Pourquoi Nétanyahou fait-il cette sortie maintenant ?
La fatigue du Premier ministre israélien n’explique pas tout. D’autant qu’il est entouré d’une noria de communicants chargés de peser le moindre de ses mots et d’en mesurer l’impact. En réalité, les sondages qui se multiplient montrent que 70 à 75% des Israéliens sont mécontents de sa manière de gérer les violences ces dernières semaines à Jérusalem et en Cisjordanie occupée. Or, chaque fois qu’il se sent politiquement en danger, le chef du Likoud recourt aux grosses ficelles : celles qui visent à renforcer la peur existentielle de ses électeurs en leur faisant gober que le pays est en danger et, bien sûr, que « le monde entier est contre nous ». Cette fois, Nétanyahou a ouvert un nouveau front en lançant l’idée que « l’intifada des couteaux », les appels à la poursuite des émeutes émanant du Hamas, ainsi que les accusations selon lesquelles Israël aurait modifié le statu quo entre juifs et musulmans sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem seraient les derniers avatars du combat pronazi d’Al-Husseini", (Libération, 21 octobre 2015).
A cet égard on pourrait choisir l’ironie face à une explication aussi drôle que les mauvaises cotes de popularité supposées à l’origine d’une telle absurdité, de surcroit de la bouche du fils d’un universitaire historien, si les "choses" au Proche-Orient ne relevaient que de l’aimable course de chevaux que les journalistes aiment à nous présenter déjà de manière ubuesque dans nos gentilles démocraties.
Les déclarations du Premier ministre israélien ont heureusement soulevé quelques protestations et sarcasmes de quelques uns de ses concitoyens. Ils ne sauraient dissiper l’angoisse face à des propos, qui, tout de même, exemptent le nazisme de la responsabilité du plus grand génocide de l’histoire, comme si Adolf Hitler avait besoin des conseils du grand mufti, lui-même sémite. On peut craindre que ce délire ne soit partagé avec d’autres de ses concitoyens, ce que suggère les manifestations anti-palestiniennes, s’il n’avait encore de l’influence sur les esprits en proférant un indicible mensonge.