Le sondage Ifop-France Soir (18 février 2011), créditant Marine Le Pen d’un score élevé d’intentions de vote n’a pas manqué de déclencher une tempête médiatique. Les commentateurs n’ont oublié qu’une chose : ces chiffres ne valent rien. Dans les sondages en ligne :
le premier biais est lié à la gratification qui amène un certain nombre d’internautes à tenter leur chance comme à la loterie. Rappelons qu’une étude d’Esomar de 2006 [1] avait établi que 54% des sondés par internet admettait mentir pour gagner une gratification.
le deuxième biais provient des internautes partisans, particulièrement motivés pour déclarer leur opinion. En ce sens les sondages en ligne jouent généralement à l’inverse des sondages par téléphone, c’est à dire qu’ils surreprésentent les opinions extrêmes. Dans ce sondage Ifop-France Soir le score favorable de Marine Le Pen vient probablement de ce biais.
En tout état de cause on peut reprocher aux journalistes et commentateurs de prendre au sérieux le chiffre qui les émeut comme en témoignent les extraits suivants :
« Marine Le Pen jubile encore » (Le télégramme, 19 février 2011)
« Nicolas Sarkozy talonné par Marine Le Pen », (La dépêche, 19 février 2011)
« Marine Le Pen à 20% dans un sondage », (Libération, 18 février 2011)
« Deux sondages parus ce vendredi créditent la chef de file frontiste de 17 à 20% des intentions de vote pour les présidentielles de 2012. Un score très haut qui inquiète plus que jamais la majorité », (Nouvelobs.com, 18 février 2011)
« Marine Le Pen, qu’un sondage IFOP pour France Soir crédite de 20 % d’intentions de vote dans l’hypothèse d’une candidature Aubry à gauche, s’est ouvertement réjouie de ce débat, estimant qu’il faisait monter son camp », (Le Monde, 18 février 2011)
Plus encore, on peut reprocher aux journalistes et commentateurs de prendre au sérieux ces pseudos sondages.