Ce renoncement partiel [1], le quotidien ne s’interdisait pas de relayer ceux commandés par d’autres médias, lui aurait permis de gagner en profondeur d’analyse et de passer beaucoup « plus de temps sur le terrain » que s’il « avait travaillé avec les sondages ». On s’interroge alors sur les raisons de ce retour en arrière. Les journalistes seraient-ils lassés du « terrain » ? Rien de tel bien sûr aux dires du directeur des rédactions, si ce n’est que, en ce qui le concerne du moins, le travail en profondeur ne semble guère avoir été soutenu.
Stéphane Albouy (directeur des rédactions du Parisien) : « on reprendra les sondages. Le Parisien reprendra les sondages... »
Sonia Devillers (France Inter) : « ça vous manque ? »
Stéphane Albouy : « je pense que c’est un outil qui fait partie de la panoplie de l’analyse journalistique ça peut aider à étayer un certain nombre d’idées et puis de toute façon je l’ai toujours dit depuis le début y a pas de grande démocratie où il n’y pas d’institut de sondage ou plutôt dans les dictatures les sondeurs on le aimes pas trop. C’est un outil démocratique le sondage aussi ».
La sélection, notamment à l’entrée de l’Université, suscitant ces derniers temps beaucoup d’émois médiatiques, les propos du journaliste en rassureront sans doute certains : l’incompétence en sciences sociales ne constitue pas un handicap pour celles et ceux qui souhaitent embrasser la carrière de journaliste. Et si cela ne suffisait pas pour les rassurer, inutile de posséder non plus les notions élémentaires permettant de distinguer démocratie et dictature. Ils devraient même pouvoir diriger une rédaction, du moins celle du Parisien.
Pour tous les autres, y compris pour les prétendants et futurs journalistes, ce rappel si besoin était : les démocraties n’ont pas l’exclusivité des sondages [2], sauf à définir la Russie ou la Chine comme telles. On y fait des sondages et on y rencontre des sondeurs à l’image de l’Ifop, Ipsos, Odoxa, de Jérôme Fourquet, Brice Teinturier, Gaël Sliman, etc.