observatoire des sondages

Les pousse-au-crime et la peine de mort

vendredi 2 octobre 2020

On connait le goût des sondeurs pour la provocation, les sondages pousse-au-crime, sur des sujets délicats et sensibles, publiés le plus souvent opportunément lors d’événements ou faits divers tragiques (meurtres, viols, attentats...) largement relayés et commentés dans la presse.

55% des personnes interrogées se déclarent favorables au rétablissement de la peine de mort, « un record » selon le quotidien Le Monde du 14 septembre 2020 [1]. Presque 40 ans après son abolition la peine de mort figure toujours dans le panier toujours bien garni des affects et émotions avec lesquels médias et sondeurs aiment jouer à longueur d’années.

Hypocrisie ou schizophrénie le quotidien (commanditaire du sondage) rappelait pourtant il y a cinq ans en commentaire d’un sondage identique que la question posée ne se posait pas : « Le retour de la peine de mort est à tout le moins extrêmement improbable : outre par sa Constitution, qui l’interdit, la France est tenue par la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, par deux protocoles du Conseil de l’Europe, par un protocole des Nations unies, par le traité de Lisbonne de l’Union européenne » (Le Monde, 7 mai 2015). Cela ne l’empêchera pas de recommencer l’exercice. Et ce n’est pas Brice Teinturier d’Ispos, attaché au journal depuis de longues années, qui l’en dissuadera.


[1Cf. Ipsos Le Monde, Fondation J. Jaurès, Institut Montaigne, 14 septembre 2020.

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