"57% de Français mécontents" pour l’Ifop et le Jdd qui voient sa popularité “s’effondrer de 14 points” en un mois. Le Président serait même plus impopulaire que ses prédécesseurs (Ifop Jdd, 26 août 2017). Toujours plus fort : “Macron s’effondre et passe sous la barre des 50%” avec 43% de satisfaits (Orange-La Tribune, 29 août 2017). "Il n’y a plus de trêve estivale et il n’y a pas d’état de grâce " selon l’Ifop (Le Figaro 11 août 2017).
La généralisation des sondages en ligne rémunérés a largement contribué à cet état de fait. Rien de plus simple que de répondre à un sondage avec son smartphone sur une plage ou à la terrasse d’un café. C’est même plus rapide que les enquêtes de “satisfaction clients” qui colonisent peu à peu l’espace public, les supermarchés, les salles d’attente des hôpitaux, les administrations, les halls de gares, etc. Et si se “coltiner” du politicien quelques instants peut rapporter des bons achats pourquoi s’en priver... Quoi qu’il en soit face à l’ampleur des résultats et l’unanimité des sondeurs la conclusion du JDD sonne comme une sentence : “4 mois après son élection triomphale Macron est désormais un président minoritaire”, (op.cit.).
Les commentaires redoublent les sondages pour produire les effets de croyances. Emmanuel Macron a été élu avec 66,10% des suffrages exprimés représentant 43,61% des inscrits. Aux législatives de juin 2017, son parti, LRM, a obtenu la majorité absolue en sièges (306), et son score au second tour a atteint 43,6% des suffrages des suffrages exprimés 16,55% des inscrits (source ministère de l’Intérieur, 2017). L’assertion du Jdd est donc au mieux mensongère et ignorante du droit. Emmanuel Macron est au sens strict un président minoritaire depuis le début de son mandat. C’est dire si cette impopularité est tout sauf une surprise comme le laissent pourtant entendre tous les commentaires impressionnés par “cette chute vertigineuse” (Les inrocks, 4 août 2017). Le scenario demeure le même : la déception, les mesures impopulaires, les “couacs” gouvernementaux, le manque de pédagogie, la mauvaise communication, etc. Pour les coupables, il suffit de changer les noms cf. tableau (ci dessous Kantar TNS-Le Figaro magazine. Pour Emmanuel Macron pas de baromètre pour le 3e mois (début d’août 2017), le chiffre indiqué est celui du baromètre Ifop JDD, 223 juillet 2017).
1er mois | 2è mois | 3è mois | 4è mois | 5è mois | |
---|---|---|---|---|---|
Jacques Chirac (1995-2002) |
64% | 63% | 56% | 54% | 41% |
Jacques Chirac (2002-2007) |
50% | 47% | 54% | 47% | 50% |
Nicolas Sarkozy (2007-2012) |
63% | 65% | 64% | 64% | 57% |
François Hollande (2012-2017) |
55% | 55% | 52% | 50% | 41% |
Emmanuel Macron 2017 |
57% | 54% | 54% (Ifop) | 41% | ???? |
Or les voix des cotes de popularité des sondeurs demeurent toujours aussi impénétrables. A part définir la popularité comme le fruit de ce qu’ils mesurent, ils sont incapables de dire à quoi répondent les sondés quand ils cochent les cases de leur baromètres mensuels. On peut douter qu’il s’agisse d’un jugement sur une personne (Cf. à ce propos Mesures d’impopularité http://www.observatoire-des-sondages.org/Mesures-d-impopularite). Cela permet en tout cas les palabres politologiques nourris des yoyos sondagiers et des conseils pour les faire osciller dans le bon sens.