Le goût compulsif des sondeurs pour les courses de petits chevaux n’est pas un mystère. Comme de fait leur intolérance grandissante aux périodes sans élection. Le volume de parution de leurs fictions électorales augmente d’année en année cherchant à combler ce qu’ils voient comme un vide insupportable.
« Le bilan politique » est un procédé commode pour aborder les scrutins à venir fussent-ils très lointains. « 6 français sur 10 ne veulent pas qu’Emmanuel Macron se présente à l’élection présidentielle en 2022 » déclare Odoxa commandité par France TV, le Figaro et Dentsu Consulting (4 mai 2018). Autant dire, à quatre ans du scrutin, une éternité en politique, une pure farce [1].
« Macron un an ça suffit ! » slogan lancé par LFI et titre d’une série de vidéos diffusée à partir du 26 février 2018 sur la chaîne Youtube du parti a trouvé sa traduction sondagière. Gageons que cette « coïncidence » satisfera nombre de ses sympathisants.
Si le sondeur figure indissociable des régimes démocratiques est une fable (cf. Popularité de Poutine : la plaisanterie), le sondeur figure du dévoiement de la démocratie et de la vie politique réduite à une lutte (perpétuelle) des places prend, elle, de plus en plus de consistance.