Evénement providentiel pour les analystes, la publication de deux sondages sur le sujet aujourd’hui « brûlant » du nucléaire, or ces deux sondages se contredisent. L’un, par téléphone, effectué par TNS Sofrès pour le compte d’EDF donne une majorité "de Français" favorables au nucléaire, 55% (Les Echos, 21 mars 2011), tandis que l’autre, en ligne, effectué par l’Ifop pour Europe Ecologie-Les Verts, donne seulement "30% de Français favorables" (Ifop, 21 mars 2011). Au regard des questions posées il est facile d’expliquer la contradiction.
Le sondage TNS Sofrès offre un choix binaire, celui de l’Ifop un choix ternaire.
Le sondage Ifop offre trois options effectivement posées dans les débats publics, à savoir une faveur générale à l’égard du nucléaire, une hostilité radicale se traduisant par un arrêt brutal, et un arrêt dégressif, position des écologistes. A ce compte la faveur à l’égard du nucléaire n’est que de 30%. Il est donc juste d’additionner comme antinucléaires les 51% qui souhaitent que « la France arrête progressivement sur 25 ou 30 ans son programme nucléaire et de faire fonctionner ses centrales » et les 19% qui souhaitent que « la France arrête rapidement son programme nucléaire et de faire fonctionner ses centrales », soit les deux tiers.
Le sondage TNS-Sofrès agrège dans les sondés hostiles à l’arrêt du nucléaire (55%) ceux qui sont effectivement favorables au nucléaire civil, ceux qui jugent impossible de l’arrêter par réalisme, et les sondés hostiles aux écologistes.
Il est patent que TNS Sofrès a commis un nouveau push poll, avec une question biaisée pour promouvoir le nucléaire comme EDF n’a évidemment pas eu besoin de le demander. C’est bien entendu une faute professionnelle et morale. Et comme dans tous ces cas de trucage nous posons à nouveau la question : incompétence ou malhonnêteté ?