Plus de neufs maliens sur dix seraient selon ce baromètre satisfaits du colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis son premier coup d’Etat en août 2020. Leur confiance dans l’aide de la Russie s’établit dans des proportions similaires, comme dans celle du groupe de mercenaires Wagner, de sinistre réputation, dans la lutte contre les groupes djihadistes et l’insécurité endémique du pays (cf. Le Monde, 4 mai 2023).
A l’image de toute l’industrie de l’opinion la fondation allemande perçoit les enquêtes par sondage « comme un important instrument dans une démocratie pour interroger et comprendre de manière adéquate les perceptions, besoins et attentes des citoyennes et des citoyens ». Une perception, « en soi » déjà fort discutable, mais plus encore dans le cas du Mali, qui n’est plus une démocratie depuis plusieurs années. Les concepteurs du « Mali-mètre » et les dirigeants de cette fondation seraient-ils aveugles et sourds ? Difficile à croire.
Pensent-ils sérieusement que les opinions formulées sous une dictature, a fortiori quand elles lui sont unanimement favorables, ont une quelconque valeur mise à part celle de l’expression d’un optimisme pour conjurer le désespoir ? C’est à la religion, "normalement", que revient cet office. Le paradis futur en consolation des souffrances et des misères présentes. Aujourd’hui pour les Maliens, une milice brutale, Wagner, et un dictateur....Amen.
Addendum (12 mai 2023)
L’ONU accusait le 12 mai par la voix de son haut-commissaire aux droits de l’Homme l’armée malienne et des combattants « étrangers » (sans précision sur leur nationalité) d’avoir exécuté 500 personnes en 2022 à Moura (Le Monde, 12 mai 2023). Ces accusations reposent sur une enquête de la division des droits de l’homme de la mission de casques bleus déployée depuis 2013 au Mali (Minusma). Assassinats, auxquels s’ajoutent plus d’une cinquantaine de viols et de violences sexuelles sur des femmes et jeunes filles. Ils pourraient, toujours selon le haut-commissaire des Nations Unies constituer des crimes de guerre voire pour certains actes des crimes contre l’humanité.
Le sondeur comme la fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung n’ont pour l’instant fait aucun commentaire. Ils n’en feront peut-être aucun. Sauf à considérer que les accusations de l’Onu porte un coup, sinon fatal, au moins sérieux à leur "amateurisme".