Le vote vendredi 27 février par le Bundestag de la prolongation des aides financières à la Grèce a sans conteste fortement déplu au journal allemand Bild. La veille il appelait ses lecteurs à manifester leur hostilité par le renvoi à la rédaction d’une page du journal imprimée spécialement à cet effet et marquée d’un gros « Nein ! » (non).
Un vote de paille appuyé le lendemain, quelques heures après le vote des parlementaires allemands, par la publication d’un sondage commandé auprès de Insa-Consulere selon lequel « 59% des Allemands sont contre la prolongation de l’aide financière pour la Grèce » décision considérée comme menaçante pour « l’argent des Allemands » (Bild, 27 février 2015).
Bild a droit à ses opinions. Antigrec soit. Comme les autres organes de presse, il devrait s’en remettre à sa puissance intellectuelle pour convaincre. Non comme de plus en plus de médias, en Allemagne comme en France, où la panne d’intelligence amène à se réclamer des sondages pour convaincre de sa cause. Et comme cela ne peut jamais être assez, il faut en outre recourir au vote de paille, cette sorte de plébiscite auprès de ses propres lecteurs. Sans aucune exigence de représentativité ni de quoi que ce soit d’ailleurs sinon avoir raison. Le nombre ne donnera jamais raison à personne mais qu’importe. Un signe de plus de la dégradation du débat public.