Le dessinateur Plantu a érigé un cri d’humeur en leitmotiv de première page du quotidien Le Monde. Les caricaturistes ont de la chance qui n’ont pas besoin de démontrer pour emporter la conviction. On n’oubliera pas que la profession a ses risques. En l’occurrence, personne ne les a cependant accusés d’être populistes et autres jugements négatifs que le même journal réserve aux critiques des sondages [1].
< |
Du coup on se demande comment cohabitent au sein d’une rédaction des points de vue aussi antagoniques. Sachant en effet comment opère le dessinateur du Monde, assistant à la conférence de rédaction où les échanges entre journalistes lui donnent la matière des caricatures dont l’une sera choisie pour paraître le lendemain, il est clair que ce « sondages de merde » répond en écho à la fréquente évocation des sondages dans ces conférences de rédaction. Une évocation sérieuse et crédule cela va sans dire. Le caricaturiste en est manifestement agacé et le fait savoir en silence. Verbalement ? Parfois peut-être. Sans changer le courant. On ne saurait mieux dire qu’un journal comme toute entreprise réunit des gens qui se rencontrent mais ne se comprennent pas.