Ce constat allait à l’encontre du modèle dominant d’explication par les fidélités partisanes. La volatilité est intervenue dans les sondages quelques années plus tard quand il a fallu expliquer l’écart entre les sondages sur les intentions de vote et les résultats réels. Elle s’appliquait donc au vote. Il en fallait peu pour qu’elle s’applique aux opinions énoncées dans les sondages. Après tout, cela confortait le sens commun d’une grande légèreté de l’opinion. Les échecs des sondeurs, les variations bizarres de sondages identiques et rapprochés suscitèrent cette explication par la volatilité comme conduite croissante des humains. Et pour en administrer la preuve, les sondeurs interrogèrent les sondés sur le moment où ils choisiraient leur bulletin de vote. Beaucoup déclarèrent alors faire leur choix au dernier moment dans l’isoloir. Jamais ils ne s’interrogèrent sur la sincérité et surtout la fiabilité de ces réponses « révélant » la volatilité comme une excuse si utile.
V...comme volatilité...
Volatilité : le terme emprunté à la mécanique des gaz désigne une grande instabilité des choses (la valeur des actions en bourse) ou des comportements humains (le vote). Il a été introduit en science politique à propos du vote au tournant des années 1980 par des spécialistes des comportements électoraux qui constataient la montée d’une instabilité des votes à partir des résultats dans plusieurs pays d’Europe.