Si on se faisait des illusions sur la vertu et la rigueur des sondeurs, Stéphane Rozès offre un bel exemple de cynisme professionnel :
« Chaque sondeur ou responsable de rédaction peut admettre, en tant que citoyen, qu’il y a trop de sondages. Mais sauf à changer de métier, aucun n’y renoncera. Pour les médias, il s’agit d’exister, de préempter la campagne en informant leurs publics, en l’animant par des éléments de contenu rédactionnel. Pour les instituts, les sondages politiques pèsent à peine 10% du chiffre d’affaires, mais ils sont rentables sur le plan de l’activité et pourvoyeurs d’image, par les reprises médias qu’ils garantissent. Cette notoriété est bénéfique à leur activité principale, les études marketing. Qui connaissait Harris Interactive avant son sondage en mars dernier qui plaçait pour la première fois Marine Le Pen en tête du premier tour en 2012 ? [1] » (Stratégies Magazine, n° 1633, 12 mai 2011).