Les sondages publiés en France sont généralement accompagnés d’une mention brève, précisant certaines de leurs caractéristiques (taille de l’échantillon, méthode d’administration, date de « terrain », etc.), dont la plus commune est la méthode d’échantillonnage, à savoir la méthode dite des quotas. Les sondeurs mettent à la disposition des plus courageux ou des plus curieux de l’alchimie sondagière, sur leurs sites web, les fiches techniques de leurs productions où figurent à nouveau ces caractéristiques et les résultats complets avec parfois des informations complémentaires, sans jamais égaler cependant en précision et donc en « qualité » celles de leurs confrères étrangers (cf. sondages britanniques : plus de transparence).
En dépit des maigres efforts et du peu de compétence que nécessite la compréhension de ces caractéristiques élémentaires, il est encore des sondeurs pour se tromper ou plus certainement tromper les lecteurs, grossièrement, et publier des sottises que l’on ne pardonnerait même pas à un élève de lycée venant d’achever ses premiers cours de probabilité et de statistique.
Rappelons que la méthode des quotas ne permet pas de calculer la marge d’erreur, sans exclure pourtant qu’il y ait une marge d’erreur. Cette indication statistique établissant une possibilité d’écart des résultats obtenus sur un échantillon représentatif par rapport à la population totale est établie avec la méthode aléatoire, c’est-à-dire lorsque la constitution de l’échantillon repose sur le hasard qui permet donc le calcul.
Parmi les entreprises de sondages françaises qui publient leur production dans la presse, trois d’entre elles (LH2, OpinionWay, Viavoice) mentionnent régulièrement dans leurs fiches techniques l’existence une marge d’erreur (cf. le porfolio en fin d’article ; agrandissement : cliquer sur chaque image).
Si l’entreprise CSA associe dans différents articles figurant sur son site web, signés notamment des anciens dirigeants, Roland Cayrol et Stéphane Rozès, quotas et marge d’erreur, aucune fiche technique CSA ne s’y réfère. Enfin, la position de l’entreprise Ipsos est plus originale car, si elle reconnaît l’impossibilité selon la théorie statistique de calculer la marge d’erreur dans le cadre de la méthode des quotas, elle estime que dans la pratique, on peut... elle peut, quand même le faire. L’arrivée de Brice Teinturier chez Ipsos après son départ de TNS Sofrès va-t-elle coïncider avec un retour de la rigueur statistique au sein d’Ipsos, même si on peut douter qu’un recrutement ait à voir avec des préoccupations méthodologiques ? (Voir l’extrait d’un interview de Brice Teinturier ci dessous).
France info 15 mars 2010
France Info : "Brice teinturier, j’ai sous les yeux votre dernier sondage et je ne trouve pas la notion de marge d’erreur aux Etats-Unis chaque fois qu’on donne un sondage on précise qu’il y a une marge d’erreur de 2 ou 3% là-bas pas en France, on le répète pas assez qu’il y a une marge d’erreur dans les sondages".
Brice Teinturier : "Alors écoutez, on ne cesse de le dire, je n’ai cessé d’ailleurs de le dire. On ne dit pas qu’il y a une marge d’erreur parce que tout simplement statistiquement parlant comme nous travaillons avec la méthode des quotas, la marge d’erreur ne s’applique qu’avec la méthode aléatoire donc c’est plutôt par analogie avec la méthode aléatoire qu’on pourrait parler de marge d’erreur, mais on ne va pas écrire quelque chose qui ne correspond pas à la réalité".