C’est le choix effectué par l’association de défense des animaux L 214 qui annonce que « 47% des Français sont favorables à l’interdiction du gavage des oies » (OpinionWay, AFP, 20 décembre 2014, repris par l’ensemble de la presse), tout en se réjouissant que 29% de personnes interrogées « refusent d’acheter du foie gras pour des raisons éthiques liées à la souffrance animale » (« des chiffres en hausse »).
Et les ennuis commencent. Rappelons que les sondés par internet sont rémunérés, que sans cette rémunération si faible soit-elle nombre d’entre eux refuseraient de répondre. Par ailleurs, parmi ses 47% de « Français » une majorité de femmes et de personnes de moins de 35 ans, c’est à dire les sondés qui ne consomment pas, peu ou le moins de foie gras, indépendamment de son mode de production. Obtenir « une interdiction » de la part de personnes non concernées est, il est vrai, plus facile. Comme de recueillir leur réprobation sur la pratique du gavage, source de souffrance pour 60% des « Français ». De plus, souffrance ou pas, faut-il s’étonner de recueillir 77% d’opinions favorables à un mode de production du foie gras sans gavage, sous-entendu sans souffrance pour l’animal ? Consommateurs ou pas, qui est « pour » faire souffrir les animaux ? Quant au sondeur (OpiniowWay), parmi les majors des entreprises françaises de sondage, aucune ne peut prétendre être la plus compétente en matière de biais. Peu importe lorsqu’il s’agit de promouvoir une bonne cause selon le schéma habituel : un sondage payé par un commanditaire, publié par la presse, qui ne paie pas pour remplir ses colonnes avec un sujet d’actualité et tout fait [1]. Si tous les moyens pour produire du foie gras ne sont pas bons, les sondages biaisés le sont-ils, bons, pour plaider sa cause si noble soit-elle ?