On connait la définition de « l’opinion publique », sous forme d’autojustification, des sondeurs et de leurs principaux de porte-voix du Cevipof de Sciences-po Paris, interlocuteurs privilégiés du quotidien : c’est ce que mesurent les sondages... sans rire. Ces doxosophes n’étant pas connus pour leur sens de l’humour et moins encore de l’autodérision.
Aucun résultat de sondage ne vient étayer l’affirmation de la une. On peut facilement le comprendre. Sur ce sujet du moins car, rappelons le, contrairement aux multiples allégations fantaisistes et hypocrites de l’Ifop, les sondages ne sont pas l’apanage des démocraties [2]. On fait des sondages en Chine et l’Ifop fait des sondages en Chine, via sa filiale chinoise ChinaInside fondée en 2016 [3]. Pas de sondage mais aucune manifestation de rue non plus. Quelles sont alors les "opinions" rapportées par Le Monde ?
Celle de l’auteur de l’article, correspondant du journal à Pékin.
de quelques intellectuels chinois plaidant pour plus de liberté d’expression et du maire de la ville Wuhan (origine de l’épidémie), critiquant l’extrême centralisation des décisions. On imagine sans peine la couleur de leur avenir.
Des réseaux dits sociaux chinois sans en nommer un seul ni donner le moindre détail. On pense entre autres à WeChat ou Weibo. Même si les inscrits et utilisateurs des dits réseaux se comptent en centaines de millions, on sait également qu’ils sont particulièrement surveillés et que les moyens, ne seraient-ce que technologiques, à disposition de la propagande et la censure sont à la mesure de la détermination, de la férocité et de la paranoïa des dirigeants du pays : très importants.
De deux spécialistes de la Chine, d’origine chinoise mais actuellement en poste aux Etats-Unis. « De nombreux Chinois soutenaient plutôt le gouvernement pendant la guerre commerciale mais l’opinion publique maintenant est presque unanime contre le gouvernement. C’est quelque chose que je n’ai pas vu depuis 1989 [4]. La crise actuelle est « aussi une manifestation de la panne des structures de gouvernance de la Chine » [5].
Et de la "Chine" (comprendre bien sûr la propagande et les dirigeants chinois) qui "contribue à améliorer la santé du monde’’ d’autant que "les épidémies trouvent leur origine un peu partout dans le monde". On reconnait bien là l’une des constantes des régimes totalitaires jouant de l’inversion des rôles, des responsabilités... et du sens des mots et du langage [6].
En résumé le diagnostic initial fondé sur des informations approximatives demeure pour le moins hasardeux. Qu’en pensent les Chinois ?