Aucune précision n’était apportée quant aux contenus des réformes que les Français étaient censés plébiscités...un comble. Tout juste « apprenait »-on qu’ils approuvaient à 81% le recours au référendum par le futur président de la République pour les adopter rapidement. Aucune, vraiment ? En fait si, mais 5 mois plus tôt.
Un sondage Ifop pour Atlantico (le commanditaire officiel) [1] publié le 23 mai 2016 à propos des réformes envisagées par les candidats à la primaire de la droite posait la question aux internautes [2]. Les résultats indiquaient une hostilité à 3 des 4 mesures soumises à leur jugement. La quatrième proposant sans plus de détail la réduction du nombre des députés et sénateurs et la suppression du poste de Premier ministre. Ils figurent remarquablement en rappel de ceux du sondage Ifop-Synopia (cf. ci-dessous l’annexe à la notice détaillée du sondage) [3].
Des chiffres sans doute très décevants pour les amateurs de réformes, celles que l’on peut supposer souhaitables pour Le Figaro Synopia. Autrement dit en toute logique il faudrait renoncer au référendum pour qu’un président élu et fort de la légitimité de son élection puisse imposer des réformes « impopulaires ». Quid alors des 81% ? Comprenne qui pourra. La confusion des esprits est à son comble pour sembler vouloir des référendums afin de réformer après avoir affirmé que les réformes étaient « impopulaires ».
Ceci expliquerait les acrobaties auxquelles se livre le sondeur de l’Ifop qui commente les résultats pour Le Figaro. A l’en croire le mot « réforme » doit s’entendre dans un sens libéral, celui porté par les candidats à la primaire de la droite.
Jérôme Fourquet : « Le terme de réformes peut abriter plusieurs sens mais le plus classiquement partagé est celui des réformes économiques et sociales d’inspiration libérale (nombre de fonctionnaires, retraite, temps de travail…). C’est pourquoi il existe une forte prévalence à droite sur cette question », (Le Figaro, 16 octobre 2016).
Il est vrai que l’impopularité des réformes et les résultats du sondage du 23 mai ont pu être « oubliés »... par Jérôme Fourquet du moins. Une mémoire défaillante reste toujours utile quand il s’agit de faire dire à des sondés ce qu’ils ne disent pas, voire l’inverse de ce qu’ils disent.
Que ne ferait pas un marchand pour faire plaisir à son client ? Quoi qu’il en soit, bel exemple de la rigueur et de la probité des sondeurs.
PS (25 octobre 2016) : la commission des sondages a-t-elle eu vent de nos critiques ? Elle a fini par publier sur son site la notice détaillée du sondage Synopia...il ne « manque plus » que celle du sondage d’Atlantico.