Il fut un temps dans l’histoire politique française où les démocrates se méfiaient des référendums au point de les appeler plébiscites. Manière de dire que la réponse était certaine. Voilà ce que réinventent les sondeurs. Si leurs questions suggèrent souvent les réponses, il n’est pas sans saveur que les propositions de référendums par Nicolas Sarkozy fassent à nouveau pointer le nez du plébiscite.
C’est au tour de TNS-Sofres d’apporter son soutien au président sortant en publiant un push poll approuvant sa volonté d’instaurer, s’il était réélu, des obligations pour les chômeurs ou de nouvelles mesures pour lutter contre l’immigration irrégulière (TNS-Sofres-Mediaprism-I>télé, 10 février 2012). D’abord en posant la question quand on sait fort bien que la stratégie politique passe par l’imposition de problématique. Autrement dit, le même sondeur aurait-il posé les mêmes questions si un autre candidat avait fait ces propositions ? Et autre biais plébiscitaire, n’était-il pas possible de poser les questions sans que les réponses soient préalablement acquises ?
Sur les chômeurs :
Question : « Êtes-vous favorable ou opposé à une telle mesure d’obligation pour les chômeurs d’accepter une offre d’emploi pour lequel ils seraient qualifiés ? ». 63% des internautes interrogés par le sondeurs ont manifesté leur accord.
Comment ne pas être d’accord si l’on s’en tient à la question littérale et qu’on ne lui applique pas le soupçon ? Il faudrait faire preuve de mauvaise volonté pour refuser un emploi pour lequel on est compétent. Mais de la nature de l’emploi et du salaire, il n’est pas question. S’agissait-il pour TNS-Sofres de soutenir l’idée que les chômeurs sont responsables du chômage ?
Sur l’immigration irrégulière :
Question : « Nicolas Sarkozy propose aussi de réformer le droit de façon à simplifier les démarches d’expulsion des étrangers en situation irrégulière. Êtes vous favorable à une telle mesure ? »
Le sondeur se garde encore de toute précision sur une proposition approuvée par 59% des sondés. Peu importe que les internautes sachent puisqu’il s’agit de lutter contre l’immigration irrégulière. Qui pourrait s’opposer à la lutte pour la légalité et la simplification du droit ? A part de mauvais esprits soupçonneux.
On sait les principaux majors des sondages soucieux de complaire au pouvoir sarkoziste. Il semble qu’aucun ne recule devant la mise en oeuvre inédite des push polls. S’agissant de questions conflictuelles, ils acceptent en outre de jouer les pyromanes.