Une mise en garde sans grand effet et peu convaincante [1] puisque la méfiance continue à « bien se porter » . C’est du moins ce que les « mesures » des sondeurs indiquent depuis longtemps.
Mais quid des sondeurs ? Ne sont-ils pas devenus, depuis longtemps là encore, des professionnels de la politique que l’on retrouve souvent aux côtés des journalistes, quand ce n’est pas à leur place, pour commenter avec ou sans sondages, la vie politique française [2]. S’ils demeurent relativement discrets on sait également, car ils ne s’en cachent pas vraiment, qu’une partie de leurs activités réside dans les divers conseils prodigués aux politiques eux-mêmes. Il ne serait donc guère surprenant qu’ils soient logés à la même enseigne. Et pourtant la question a jusqu’à présent rarement été évoquée.
Claude Weill [3], omniprésent depuis de longues années sur les plateaux TV, a tenté d’éclaircir ce « mystère », lors de l’émission C dans l"air du 16 avril 2018 (France 5) consacrée en grande partie à la prestation des deux journalistes ayant interviewé la veille Emmanuel Macron (cf. sur ce point De « l’honneur » des pundits.). Une tentative que n’a guère goûté en dépit du sourire affiché le sondeur Brice Teinturier (Ipsos), lui aussi omniprésent de longue date dans les médias, pris manifestement au dépourvu par la remarque.
Claude Weill : « Emmanuel Macron a intégré le fait que Les journalistes ne sont pas aimés je pense que les Français pensent en effet à peu près autant de mal de nous collectivement, et même des sondeurs, que des politiques ».
Brice Teinturier : « Ah ben non... » (à peine inaudible).
Pour les journalistes et les politiques Claude Weill fait allusion aux nombreux sondages sur le thème, comme le « baromètre annuel de la confiance » du Cevipof et d’OpinionWay. Mais pour les sondeurs difficile de trancher. Aucun sondeur ne s’est risqué à « mesurer » le niveau de détestation que susciterait la profession. Et si oui, aucun n’a jugé « utile » d’en publier les résultats. S’ils sont à la hauteur des humeurs exprimées à l’encontre des politiques et des journalistes, on peut le comprendre. Gageons toutefois que si de telles évaluations existaient et qu’elles avaient été un minimum flatteuses pour la profession elle s’en serait vantée.
Conclusion : si l’on retient l’hypothèse hautement vraisemblable d’absence de sondage, et a fortiori d’enquête sérieuse, sur la confiance dans les sondeurs, on serait tenté d’en déduire que la réponse de Brice Teinturier n’a aucun fondement. Ce serait oublié trop vite l’autre instrument de « mesure » utilisé régulièrement par toute la profession notamment pour les sondages d’intentions de vote : le doigt mouillé...