observatoire des sondages

Pseudo sondage électoral

samedi 25 janvier 2014

La perspective d’un vote sanction aux municipales de mars 2014 alimente les espoirs des oppositions de droite. Dans la logique de ce qu’on appelle les élections intermédiaires, les électeurs favorables à la majorité présidentielle se mobiliseraient moins que ceux de l’opposition, voire manifesteraient massivement leur mécontentement dans les urnes. Les mauvais indicateurs sondagiers confortent cette espérance ou cette crainte. Ainsi les élections d’après 2007 ont-elles été toutes défavorables à la majorité présidentielle. Dans les élections municipales, un vote sanction suppose néanmoins que les considérations nationales l’emportent sur les considérations locales. Cette fois encore, on devine aisément les stratégies des concurrents : nationaliser le plus possible le scrutin municipal dans un cas, le déconnecter des enjeux nationaux dans l’autre. Affaire de discours mais aussi de sondages.

Un sondage CSA-BFM TV-Orange-Le Figaro (22 janvier 2014) est encourageant pour les partis de droite. Pour cela, le sondeur a fusionné l’ensemble des communes de plus de 3500 habitants en une circonscription unique, avec quatre listes soutenues par les principaux partis politiques et une sans étiquette [1]. C’est la « liste du centre ou de la droite » qui, après ce « bricolage maison », recueille le plus de suffrages, 46%, devant la « liste de gauche », 41%. Pour les sympathisants des partis de droite qui ne seraient toutefois pas convaincus par la violence du procédé, le sondeur a toutefois rajouté à ses intentions de vote, les souhaits des sondés (par internet), toujours au niveau national. Là encore la victoire d’un élu de « droite ou du centre » est souhaitée par le plus grand nombre, 41% (29% pour la droite, 12% pour le centre. Aucun parti politique précis n’est ici mentionné) contre 28% souhaitant la victoire d’un élu de gauche. En somme, le calcul opéré nationalise le scrutin local en interrogeant des sondés sur leurs préférences partisanes nationales indépendamment des considérations locales. Ce sondage n’est donc pas effectué dans le cadre réel des élections et favorise un vote sanction. On ne peut supposer que le sondeur l’ignore, sauf à lui faire injure, mais il a réalisé ce sondage biaisé faute de pouvoir en réaliser un autre. Autrement dit, il fait un sondage sans rapport avec la réalité du scrutin parce qu’il ne peut réaliser un sondage dans les conditions adaptées aux élections municipales. Il vaudrait mieux s’abstenir de sonder. Autant dire demander l’impossible.


[1Une liste de gauche : PS, EELV, PCF, Parti de Gauche, PRG, MRC, divers gauche ; une liste d’extrême gauche : LO-NPA ; une liste du centre ou de la droite : UMP-Modem-UDI-Divers Droite ; une liste Front National ou Rassemblement Bleu Marine (Cf. à propos de cette dénomination : Artifice de classement) ; une liste sans étiquette.

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