observatoire des sondages

Petite histoire belge

dimanche 30 juin 2024

Malgré des lacunes au demeurant nombreuses, il est un aspect des sondages électoraux que les médias n’ignorent pas : la publication de sondages d’intention de vote ou en relation directe ou indirecte avec les législatives est interdite 48 heures avant le scrutin (en l’occurrence depuis vendredi 28 juin 2024 minuit). C’est la loi. Si la presse française et les sondeurs ont souvent vu cette interdiction comme injuste voire irréaliste en référence à la « liberté » de la presse étrangère et l’extension d’internet, la réduction du délai d’interdiction d’une semaine à deux jours a calmé leurs récriminations. Ils la respectent, et s’y conforme dans son ensemble. La presse étrangère notamment francophone moins.

Certains journalistes belges, dont on peut supposer que leur ignorance en matière de sondage vaut celle de leurs confrères français, ignorent-ils aussi la loi française ? Difficile à dire, sauf pour La Libre Belgique qui n’a manifestement pas compris (trop subtil à ses yeux ?) que cette interdiction vise également la diffusion de sondages ayant déjà fait l’objet d’une publication avant le vendredi minuit fatidique (les publications antérieures ne sont pas concernées et peuvent rester accessibles). Cela n’excuse en rien le viol de la loi de 1977, mais peut éventuellement plaider en sa faveur. Les amateurs « d’histoires belges » seront sans doute sensibles à cet argument (nous ne publions évidemment qu’une photo d’écran sans le rappel des sondages concernés).

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L’hypothèse du « pousse au clic » ou « putaclic », terme privilégié par nombre d’internautes (en référence au racolage exercé dans la prostitution) qui a envahi internet, reste beaucoup plus plausible. Et là plus question d’histoire belge, puisque les médias du monde entier ont rapidement adopté cette pratique à la faveur du développement du Web [1]. Quant à imaginer que la commission des sondages puisse s’émouvoir du viol la loi qu’elle doit faire respecter, drôle ou pas il ne faut pas se raconter d’histoire, c’est impossible.


[1Terme visant la publication d’un texte ou d’une vidéo dont le titre et/ou l’image, choisis pour l’illustrer - repris par les moteurs de recherche - sont délibérément racoleurs pour inciter les internautes à les lire ou les visionner en cliquant sur les liens que les moteurs affichent. La presse a profité de l’occasion pour ressusciter les votes de paille, cf. par exemple Le retour des votes de paille ; E. Musk : son avis, son oeuvre ; De la stupidité des votes de paille : une alerte citoyenne.

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