Dernières manœuvres

On attendait les dernières manœuvres puisque l’usage manipulatoire des sondages est devenu l’ordinaire du sarkozysme. Pourquoi avoir tant dépensé pour des sondages comme viennent de le rappeler les factures des sondages commandés par l’Elysée en début de quinquennat récemment publiées par Raymond Avrillier ? Qui soutiendrait qu’il s’agissait seulement de nourrir le souci de comprendre le peuple ? Nous fera-t-on croire qu’à deux jours du scrutin, les sondages ne servent qu’à étancher une soif de connaissances ? Dernier jour de campagne : quelques sondages nous annoncent donc un resserrement des écarts : diminution de 0,5 point, on admire la précision d’une « science » dont les sondeurs nous disent qu’elle est approximative. C’est l’équivalent du « croisement des courbes » annoncé par l’Ifop au lendemain du premier meeting de campagne de Nicolas Sarkozy [1]. Avec le désormais oublié « effet Villepinte ». Nourri des commentaires engagés des politologues de l’UMP et des commentaires prudents des sondeurs qui doivent ménager l’avenir, ces diagnostics sur des chiffres dont nous ne saurons pas comment ils ont été obtenus –« secret industriel » - assurent que la compétition est incertaine : "Sondages : Hollande en tête, Sarkozy poursuit sa remontée" [2], "Sondages - Hollande 5 - Sarkozy 0, mais..." [3], "Sondage : l’écart se resserre entre Hollande et Sarkozy" [4]. De quoi maintenir une impression de suspense, utile à la mise en scène médiatique et surtout au candidat sortant. Qu’il espère encore l’emporter ou non, il s’agit aussi de limiter les dégâts en prévision des élections législatives où une déroute présidentielle entraînerait une débâcle des députés de la majorité. Devant ces ultimes manœuvres, on devrait s’étonner : les sondeurs qui expliquent constamment que leurs sondages n’ont aucun effet électoral, ne sont-ils donc pas parvenus à convaincre leurs clients politiques qu’il était inutile de s’agiter pour tenter d’influencer les électeurs ?