observatoire des sondages

Municipales à Paris : le brouillard d’un champ de bataille

vendredi 20 décembre 2013

Trois jours après avoir annoncé la défaite d’Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Koziusko-Morizet (UMP) aux élections municipales parisiennes dans leurs circonscriptions respectives (2 sondages Ifop-Fiducial-JDD-Sud radio, 15 décembre 2013), l’Ifop annonçait la victoire de la première à la mairie de Paris (Ifop-Paris-Match-Fiducial-Sud Radio, 18 décembre 2013, sondage par internet). Evolution des « rapports de force du moment » comme le diraient les sondeurs ou « volatilité » des électeurs, comme le diraient les mêmes ? Ni l’une, ni l’autre.

L’élection du maire de Paris, comme celui de Lyon ou de Marseille, ne procédant pas du suffrage universel direct, mais de celui des conseillers de chaque arrondissement de la ville, ce résultat prophétique a été obtenu par bricolage en agglomérant, si l’on en croit les pâles indications de la notice détaillée, les intentions de vote d’internautes exprimés et domiciliés dans chacun des arrondissement parisiens.

Première aberration : 100% de participation. Jamais atteint même dans les démocraties populaires d’antan. Il n’est conservé en effet aucune trace d’abstentions ni de refus de divulguer un choix de vote (cf. Abstention, piège à sondeurs). Un refus pourtant récurrent à tout sondage d’intentions de vote effectué dans les « règles de l’art », c’est à dire sans tentative d’extorsion de réponse à tout prix (cf. par exemple Sondages en ligne : où est le problème ? ; Comment obtenir une bonne réponse à un sondage ? ; Sondages rémunérés : les « animations » d’Harris Interactive).

Deuxième aberration : la taille ridicule de l’échantillon des sondés par arrondissement. Si elle n’est indiquée nulle part, on s’en fait une idée puisque l’échantillon total sur les 20 vingt arrondissements s’élève à 920 personnes. Calcul : environ 46 personnes (920/20 arrondissements) pour chacun. Enfin, l’addition des intentions de vote ne se rapporte pas à l’élection du maire Paris, au suffrage indirect, a fortiori, à trois mois de l’échéance électorale.

La presse comme à son habitude n’a pas daigné relever le moindre de ces biais, et préféré diffuser cette fausse information. Ce type de fausse information où il n’y a jamais de rectificatif. Une information comme une autre soutiennent encore des journalistes peu exigeants.

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