Une polémique est née en cette fin de campagne électorale sur la publication de « résultats » avant la fermeture des derniers bureaux de vote. Publication interdite par la loi. Des médias annoncent qu’ils passeront outre. La commission des sondages annonce des sanctions prévues par le code électoral.
Cette polémique a-t-elle un sens ? Elle est évidemment permise par l’éclatement de l’information à l’heure de l’internet. Il est facile de connaître le « résultat » avant 20 heures [1] en allant sur les sites web étrangers. Les médias français traditionnels n’apprécient guère de se voir ainsi privés de la primeur de l’information. Quelle information ? Il s’agit bien sûr des estimations faites par les « instituts de sondages ». Ces projections statistiques faites à partir des premiers dépouillements - des bureaux de vote fermant à 18h - permettent de connaître le résultat de l’élection rapidement, soit plus d’une heure avant les bureaux qui ferment à 20h.
Une opération très fiable : ce ne sont pas des sondages qui portent sur de déclarations de vote mais des calculs à partir des dépouillement des vrais bulletins de vote. Une opération...très fiable sans véritable intérêt sinon le spectacle. Cette fausse prouesse des sondeurs profite de la confusion entre sondage et estimation et de la frénésie compétitive des médias. Les citoyens n’apprendront rien de plus qu’en attendant l’heure de clôture du scrutin et donc en prenant patience une heure de plus. La patience ? Une vertu d’un autre temps peut-être.