observatoire des sondages

Comment fabriquer une surprise électorale ?

jeudi 12 mars 2020

Les élections municipales se suivent et se ressemblent. Les biais affectant les sondages d’intention de vote pour le scrutin de 2020 sont exactement les mêmes que ceux de 2014. Au premier rang desquels la taille très insuffisante des échantillons dépassant très rarement les 500 personnes, souvent beaucoup moins. Autrement dit un ingrédient de base de la qualité des sondages est manquant [1]. Rappelons en outre que les marges d’incertitude ignorées systématiquement dans les commentaires, ne sont qu’un bricolage toléré (un de plus) des sondeurs, puisque en France la profession privilégie la méthode des quotas.

La presse, on le sait, a un gout immodéré pour le suspense et l’imprévu notamment en matière électorale. Si son incompétence en matière de sondage et plus généralement en sciences sociales n’était pas également chose connue, du moins des scientifiques, on pourrait presque croire que son silence sur la faiblesse des effectifs interrogés, et donc la non représentativité des sondés, n’est que stratégie éditoriale, une combine du métier pour entretenir quelque peu son désir de sensationnel, justifiant titrailles accrocheuses pour faire passer les brouets politologiques au lendemain du scrutin.

Que peuvent bien valoir ? (A titre d’illustration d’une pratique généralisée)

- 1. Le sondage Ipsos, France Télévisions, France Info et France Bleu Paris paru le 10 mars 2020 donnant Anne Hidalgo en tête du premier tour des municipales à Paris (26%) devant Rachida Dati (23%). Le nombre de personnes interrogées se déclarant certaines d’aller voter s’élève à 457. Rappelons en outre que l’élection du maire de Paris ne s’effectue pas au suffrage universel direct. Le chiffre recueilli est donc déjà en soi le produit d’un autre « savant » bricolage.

- 2. Le sondage Odoxa, La gazette de Montpellier et le Figaro du 12 mars 2020 annonçant Philippe Saurel vainqueur du premier tour à Montpellier avec 21% des voix mais la plus grande incertitude parmi les suivants, alors que le nombre des sondés s’élève péniblement à 519 personnes [2].

La réponse est dans la question : rien, sauf pour ceux et celles qui en vivent.

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[1Pour ne rien dire de l’abstention souvent... « absente ».

[2On notera le temps de réalisation de l’enquête (5 jours), rien de surprenant quant il s’agit d’un sondage par téléphone, plus long qu’un sondage par internet, mais qui peut également introduire un biais.

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